Les banques centrales pourraient-elles être tentées par le trust Bitcoin de BlackRock ?
15 août 2022 - 09:00
Temps de lecture : 3 minutes
Par Nathalie E.
Avec le lancement de son « private trust Bitcoin » réservé à une clientèle très sélectionnée, BlackRock a fait sensation cette semaine. Que le plus grand gestionnaire d’actifs au monde se positionne sur ce créneau est un signal fort de l’institutionnalisation de la crypto reine et pourrait pousser de nouveaux acteurs de la finance traditionnelle à entrer dans le game, y compris les banques centrales. Du moins est-ce l’avis de Barry Silbert, le fondateur du Digital Currency Group, maison mère notamment de Grayscale Investments. Avis qui n’est pas si farfelu en dépit des apparences.
Banques centrales et BlackRock, une liaison qui se renforce
Les gardiennes de l’ordre monétaire actuel qui depuis des années n’ont cessé de taper sur Bitcoin, et s’inspirent de ses protocoles technologiques pour créer la version numérique de monnaies souveraines en déclin, les fameuses CBDC (Central Bank Digital Currency) ou MNBC (Monnaie Numérique de Banque Centrale), ne sont pas si ignorantes de sa proposition de valeur, c’est d’ailleurs pour cela qu’elles en ont si peur.
Face à un objet numérique dont le régime monétaire est acéphale, décentralisé et désinflationniste, elles ne peuvent pas vraiment lutter. Leur seule arme : le décrédibiliser à longueur de palabres et tenter par des moyens réglementaires d’entraver son expansion pour garder le monopole sur le système financier.
Mais l’incurie de leur gestion – dont ces dernières années ont témoigné entre création artificielle monétaire pendant la crise Covid alimentant les marchés financiers et non l’économie réelle, et son revers actuel générant de l’inflation, impôt supplémentaire pour les moins aisés – les ont encore fragilisées, les poussant dans les bras grands ouverts du géant de la finance, appelé à la rescousse pour résoudre des situations qu’elles ne peuvent dénouer toutes seules.
Ainsi, comme lors de la crise financière de 2008, BlackRock a secondé la Réserve fédérale américaine pour l’aider à administrer des programmes d’assistance financière aux entreprises affectées par la pandémie. Mais la puissante institution murmure également à l’oreille de la banque centrale européenne et de bien d’autres. Avec son armée d’experts, dont une kyrielle d’ex banquiers centraux et d’anciens ministres des Finances, elle est devenue bien plus qu’une gestionnaire d’actifs, une conseillère indispensable pour des responsables économiques en perdition. Surtout, elle met à leur disposition, moyennant finances naturellement, un outil unique au monde de gestion du risque, ce fameux système maison baptisé Aladdin qui ferait des miracles dans l’évaluation des produits financiers.
La fiducie Bitcoin de BlackRock pourrait séduire les banques centrales
Aussi, au regard des relations de confiance que les « grands » de ce monde entretiennent avec BlackRock, et qui font à raison grincer les dents de ceux qui pointent une influence abusive et un mélange des genres intenable entre intérêt public et privé, la saillie en forme de boutade de Barry Silbert pourrait bien devenir réalité.
Fait amusant : BlackRock conseille et investit de l’argent pour de nombreuses banques centrales du monde entier Autre fait amusant : les banques centrales disposent désormais d’un moyen simple et sûr d’investir dans le bitcoin.
Après tout si BlackRock avalise le bitcoin, c’est qu’il y a certainement plus à gagner qu’à perdre. On peut alors imaginer que les Etats, qui cherchent dorénavant souvent l’inspiration financière de son côté, pourraient encourager leurs banques centrales à en détenir dans leurs réserves en passant par la solution sur-mesure de leur puissant compagnon de route.
Un scénario certes hypothétique, mais nullement incongru. Il avait notamment été déjà envisagé par Yorick de Mombynes, fin connaisseur de Bitcoin, sous certaines conditions. Certes, aujourd’hui, on en est loin. Mais l’arrivée du poids lourd mondial de la finance dans le bitcoin n’est pas à prendre à la légère et pourrait réellement changer la donne.
Restons connectés
7,831 followers
17,800 followers
149,000 followers
1,203 followers