Interdire Bitcoin soutient son adoption : l’exemple marocain

23 mars 2021 - 18:57

Temps de lecture : 2 minutes

Interdites au Maroc depuis 2017, les transaction en cryptomonnaies s’y portent pourtant comme un charme. Les échanges sur des plateformes de pair à pair connaissent un essor sans précédent et LocalBitcoins a même connu en février 2021 le « meilleur mois » de son histoire au royaume chérifien.

Les Marocains bravent l’interdit

Malgré le rappel à l’ordre de l’Office marocain des changes, en novembre 2017, concernant les transactions effectuées en « monnaies virtuelles » considérées comme constitutives « d’une infraction à la réglementation des changes, passible de sanctions », les Marocains semblent curieux et friands du Bitcoin. Vraisemblablement peu sensibles à la vingtaine de poursuites enregistrées ces trois dernières années, impliquant l’utilisation du Bitcoin, ils se tournent vers les plateformes entre particuliers pour en échanger en utilisant du cash.

Ainsi, la plateforme de gré à gré LocalBitcoins affiche des volumes de trading en constante augmentation, de l’ordre de 215% en un peu plus de trois ans. Mieux encore, Jukka Blomberg, directeur marketing de LocalBitcoins a affirmé à Coindesk que le mois de février 2021 avait été le «meilleur mois» de l’histoire de la plateforme au Maroc, avec approximativement 900.000 dollars de Bitcoins échangés. LocalBitcoins a également enregistré une augmentation de 30% des inscriptions d’utilisateurs entre 2019 et 2020 correspondant à 700 nouveaux comptes créés.

volume hebdomadaire des transactions BTC source : Coindesk

Bitcoin : la voie de l’autonomie financière

Si nombre de Marocains bravent l’interdit, ce n’est pas seulement pour l’appât du gain en période de bull run, mais aussi pour acquérir une autonomie financière. En effet, selon un recensement de la Banque mondiale datant de 2019, le Maroc est l’un des pays les plus sous-bancarisés au monde. Seul 29% des adultes marocains ont accès à des comptes bancaires, un taux bien inférieur à la moyenne régionale (44% en Afrique du Nord). Aussi, et à l’image d’autres pays émergents où l’accès aux services financiers élémentaires est compliqué, on observe que Bitcoin connaît une adoption croissante, bien plus rapide que dans les pays riches caractérisés par une culture bancaire omniprésente.

La banque centrale (Bank Al-Maghrib -BAM) envisage d’ailleurs la création d’une CBDC (Central Bank Digital Currency), d’un dirham numérique pour favoriser notamment l’inclusion financière de la population. Mais sa nature centralisée n’oblitèrera pas la méfiance que les Marocains expriment à l’encontre d’un système qu’ils jugent peu adapté à leurs besoins. Le Bitcoin a encore de beaux jours devant lui selon des observateurs locaux. Binance ne s’y est pas trompé qui a ajouté, il y un an, un support pour rendre possible l’achat de crypto avec du dirham marocain.

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