La plupart des stablecoins ne répondraient pas aux normes internationales à venir

Le Conseil de stabilité financière oeuvre depuis un moment à l’élaboration de règles mondiales « robustes » applicables aux cryptomonnaies et stablecoins. Ces derniers faisant l’objet d’un traitement particulier au vu des risques systémiques qu’ils font courir au système financier global, en étant de plus en plus connecté avec la finance traditionnelle via les jetons adossés à parité avec des monnaies comme le dollar, et qui connaissent une capitalisation croissante.

Une majorité de stablecoins hors normes

Et c’est justement là où le bats blesse dans la mesure où leurs réserves de monnaies fiduciaires sont souvent sujettes à caution, soit parce qu’elles ne correspondent pas à leurs équivalents de trésorerie, soit parce qu’elles sont en partie liées à une dangereuse dette à court terme non garantie. Les émetteurs des dits stablecoins, comme les mastodontes USDT et USDC, ne sont pas sans le savoir et ont déployé des efforts de transparence et de réduction de leur exposition risquée au dollar papier, mais visiblement cela n’est pas suffisant.

En effet, dans une lettre publiée ce lundi à l’intention des membres du G20, le président du Financial Stability Board (FSB) ne laisse que peu planer le doute quant à la conformité des stablecoins existants aux exigences à venir.

Il est important de noter que les travaux du FSB concluent que de nombreuses pièces stables existantes ne satisferaient actuellement pas à ces recommandations de haut niveau, ni les normes internationales et les directives supplémentaires et plus détaillées de la BRI (Banque des règlements internationaux).

Klaas Knot, président du FSB, in Lettre aux ministres des Finances et aux gouverneurs des banques centrales du G20

Il indique par ailleurs que les recommandations du FSB pour les stablecoins viseront à « renforcer les cadres de gouvernance, clarifier et renforcer les droits de rachat et la nécessité de maintenir des mécanismes de stabilisation efficaces ».

Rappelons que l’organisme de surveillance n’a aucun pouvoir législatif, mais que ses recommandations sont très suivies. Et dans le domaine des crypto-actifs, elles étaient très attendues suite aux turbulences de l’année 2022. D’abord l’effondrement du stablecoin algorithmique UST, qui a fait perdre des milliards de dollars à ses détenteurs, et qui l’avait déjà alerté, puis, bien sûr, la chute spectaculaire de FTX qui a imprimé ses secousses bien au-delà du seul écosystème crypto.

Les événements de l’année dernière, tels que l’effondrement de FTX, ont mis en évidence la volatilité intrinsèque et les vulnérabilités structurelles des crypto-actifs.Nous avons maintenant constaté de première main que la défaillance d’un intermédiaire clé de l’écosystème des crypto-actifs peut rapidement transmettre les risques à d’autres parties de cet écosystème. Et, si les liens avec la finance traditionnelle se développent, les risques liés aux marchés des crypto-actifs pourraient se répercuter sur le système financier au sens large.

Klaas Knot, président du FSB, in Lettre aux ministres des Finances et aux gouverneurs des banques centrales du G20

Il est entendu, comme indiqué dans la lettre, que suite à la publication de ses recommandations, les organismes normatifs devront à leur tour élaborer leurs propres orientations. A charge ensuite pour les juridictions membres de les mettre en œuvre, sachant que les régulateurs pourraient être également influencés par d’autres sources d’évaluation, elles aussi en devenir.

Moody’s développerait un système de notation pour les stablecoins