La Thaïlande va procéder à la vérification « en présentiel » de l’identité des utilisateurs crypto

10 mai 2021 - 16:22

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La dernière trouvaille des autorités thaïlandaises pour juguler l’afflux de nouveaux utilisateurs sur les plateformes d’échange crypto locales consiste à imposer une vérification « en présentiel » de leur identité. Une pratique déjà répandue dans le pays, notamment dans le commerce de l’or.

Les autorités thaïlandaises s’alarment du succès des cryptomonnaies

Le gouvernement thaïlandais s’alarme de l’essor des cryptomonnaies dans le pays. Fin avril, la nation comptait près de 700 000 comptes ouverts selon un article du Bangkok Post. Autrement dit, 1% de la population s’intéresserait de près aux cryptos. Du moins, si on suppose qu’il s’agit uniquement de comptes de résidents nationaux. De quoi visiblement donner des sueurs froides aux dirigeants qui cherchent par tous les moyens à endiguer le phénomène.

L’une des pistes explorées, mais apparemment abandonnée depuis, projetait de réserver le négoce de cryptomonnaies à des investisseurs « qualifiés », c’est à dire à des individus dotés d’un capital conséquent et/ou ayant des compétences en matière de trading. Face au tollé soulevé par cette mesure discriminatoire, les autorités ont piteusement reculé, arguant qu’il ne s’agissait que d’une hypothèse de limitation parmi d’autres.

Un « dip-chip » valide dès juillet

En revanche, la proposition émanant de l’Office thaïlandais de lutte contre le blanchiment d’argent (AMLO) ne restera pas lettre morte. Elle devrait même entrer en vigueur dès juillet. Concrètement, elle imposera la vérification de l’identité des individus à l’aide d’une machine  » dip-chip « . Machine qui nécessite la présence physique du client pour scanner la puce intégrée dans sa carte d’identité nationale. Un protocole plus aisé à mettre en place dans la mesure où il existe déjà dans les nombreux commerces d’or physique du pays.

Néanmoins, les acteurs cryptos ne comptent pas laisser faire sans rien dire. Ils prévoient de discuter de la question lors d’un forum organisé par la Thailand Digital Asset Operators Trade Association» auquel sont conviés la Securities and Exchange Commission et l’AMLO.

« La plupart des échanges d’actifs numériques sont encore occupés à préparer leurs systèmes pour accueillir le nombre croissant de clients. (…) Cependant, cette croissance pourrait être freinée si le processus de candidature devient plus compliqué.»Poramin Insom, cofondateur et directeur de l’échange local Satang Corp.

Une Thaïlande à la pointe des infrastructures de paiement

Mais puisque tel est l’objectif des autorités, on voit mal ce qui pourrait empêcher le protocole « dip-chip » de se mettre en place, d’autant qu’un bath numérique se profile à l’horizon 2024.

Très active sur le front de l’innovation de ses infrastructures de paiement, la Thaïlande ne compte pas se laisser distancer que ce soit sur le plan des CDBCs avec l’ombre planant de son grand voisin chinois, ou sur le registre des blockchains. Elle a déjà expérimenté avec succès des protocoles « permissionnés ». Le premier pour simplifier et réduire les coûts des règlements interbancaires. Le second pour les transferts de fonds entre entre le baht thaïlandais et le dollar hongkongais. Forte de ses succès, elle avance donc assez sereinement sur le chemin d’une monnaie numérique.

Un bath 2.0 qui se veut aussi une réponse à l’engouement pour les cryptomonnaies. C’est pourquoi les autorités du pays multiplie, comme ailleurs, les tentatives d’intimidation à l’encontre des détenteurs de Bitcoin et altcoins. Mais comme dans d’autres nations qui ont eu des velléités de limitation ou d’interdiction du commerce des cryptomonnaies, le flux d’utilisateurs se déplacera. Pour échapper aux exigences réglementaires, les Thaïlandais, comme les Nigérians ou les Indiens, vont vraisemblablement se tourner vers les plateformes d’échange décentralisées.

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