PayPal – Le scandale de l’amende de « désinformation »
10 octobre 2022 - 09:00
Temps de lecture : 3 minutes
Par Hugh B.
Parfois, et même de plus en plus, la décentralisation est présentée comme une lubie de développeurs idéalistes. C’est pourtant bien elle – seule – qui permet de garantir la sécurité et l’absence de censure dans le monde numérique actuel. Avec le Bitcoin toujours bien présent au centre de cette dynamique. Et un Web3, porté par les cryptomonnaies et la blockchain, censé mettre cette problématique au centre de sa stratégie de développement. Car le Web2 se meurt. Pour preuve, le dernier scandale de la société PayPal et son amende de 2500$ pour ce qu’elle nomme la « désinformation ».
Le géant PayPal occupe une place à part dans le secteur des cryptomonnaies. Car il s’agit du premier réseau de paiement de cette envergure à avoir décidé d’intégrer le Bitcoin comme moyen de paiement. Cela malgré la réticence des instances de régulation à accepter ces « actifs numériques » comme des monnaies à part entière. Et selon des modalités très controversées, en particulier au sujet de la détention véritable de leurs clés privées et le transfert possible vers des portefeuilles externes.
Car PayPal fait partie de ces géants du Web2 en train d’essayer de passer poussivement à l’étape du Web3. Un peu à l’image de Facebook devenu Meta pour la circonstance. Sauf que cela ressemble le plus souvent à un boomer en train d’essayer de parler comme les nouvelles générations. Tout cela sonne faux. Et dans cette cacophonie générationnelle, la mise à jour manquée de sa politique d’utilisation acceptable (AUP) ressemble à l’erreur de trop.
PayPal – Le réseau de la censure
Il ne faut pas négliger le pouvoir détenu par les sociétés privées – et surtout centralisées – en charge de réseaux de paiement internationaux. Cela même lorsqu’il s’agit d’acteurs du secteur des cryptomonnaies, comme l’a douloureusement rappelé Circle avec son stablecoin USDC. Car ces dernières sont en mesure de bloquer des transactions ou de geler des comptes à la demande des gouvernements, banques centrales… ou simplement selon leur bon vouloir. Une option qui ne nécessite même pas de justification légale, comme le rappelle Meltem Demirors, directrice de la stratégie au sein de la société d’investissement dans les actifs numériques CoinShares.
« Que cela soit explicitement indiqué via leurs conditions d’utilisation ou non, toutes les entreprises de Github à PayPal en passant par (insérer le nom de votre fournisseur ici) se livrent à la censure. Et elles ont le droit de refuser le service et l’accès à toute personne de leur choix, à tout moment et sans explication. »
Meltem Demirors
Une réalité bien souvent ignorée par des utilisateurs. Ces derniers habitués à bénéficier de ces services dans des conditions que l’on peut qualifier de « normales ». Mais à quel moment une activité ou une opération devient-elle problématique ? Une question qui prend un tout nouveau sens suite aux sanctions imposées à l’ensemble de population russe afin de punir un gouvernement – et ses électeurs – seul véritable responsable de ses actes. Et la dernière version publiée « par erreur » de la politique d’utilisation acceptable (AUP) de PayPal ne va rien arranger dans le domaine…
PayPal – Le scandale de la « désinformation »
En effet, c’est un véritable cataclysme qui est en train de secouer le géant du paiement numérique PayPal. Cela suite à la publication anticipée – que certains présentent comme une fuite – de sa politique d’utilisation acceptable (AUP). Un ensemble de règles qui déterminent la bonne marche à suivre dans le cadre de ses services de paiement. Et une nouvelle version de ce document qui ne devait être rendue publique qu’à partir du 3 novembre prochain. Avec la mention surréaliste d’une sanction, pouvant aller jusqu’à 2500$ d’amende, applicable dans des cas de « l’envoi et de la publication de tout message, contenu ou matériel qui favorisent la désinformation ».
Le problème ? La société PayPal est seule juge dans le cadre de cette procédure, pour le coup totalement arbitraire. Car le prélèvement de cette amende ne nécessite même pas de décision judiciaire, qui pourrait avoir du sens dans le cadre d’une infraction avérée. Et , comme l’explique l’ancien président de PayPal, David Marcus, il s’agit de simple « folie ». Car avec cette nouvelle règle « une entreprise privée décide désormais de prendre votre argent si vous dites quelque chose avec lequel elle n’est pas d’accord« .
« PayPal n’impose pas d’amende aux personnes pour désinformation et ce langage n’a jamais été destiné à être inséré dans notre politique […] Nos équipes travaillent à corriger nos pages de politique. Nous sommes désolés pour la confusion que cela a causée. »
PayPal
Une affaire dont PayPal essaie de calmer l’ampleur en parlant d’une « erreur ». Mais cette dernière uniquement liée à la publication anticipée de ces règles. Car elle se retrouve face à une opération massive de fermeture de comptes, avec un hashtag attitré : #byebyepaypal sur Twitter et d’autres réseaux. Sachant que dans le même temps de nombreuses voix s’élèvent afin d’expliquer que le réseau du Bitcoin est bien plus résistant à la censure. Tout en surfant sur cette vague pour rappeler que la nouvelle version Proof of Stake d’Ethereum le serait beaucoup moins. Une autre guerre de chapelle !
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