Première européenne : BTC et ETH négociés à la bourse de Vienne

02 septembre 2020 - 10:39

Temps de lecture : 3 minutes

La bourse de Vienne (Wierner Börse) propose en primeur sur son marché réglementé des ETPs (Exchange Traded Products) BTC et ETH émis par la startup suisse 21Shares.

Une offre conventionnelle

Cette offre activée au 1er septembre fait de la place financière située dans la zone dite DACH (Allemagne, Autriche et Suisse) la troisième au monde à proposer cette classe d’actifs. Ces deux nouveaux produits, 21Shares Bitcoin ETP (ABTC) et 21Shares Ethereum ETP (AETH) sont, comme leurs noms l’indiquent, fournis par la société basée à Zoug, 21Shares AG. Ce sont des obligations « entièrement garanties par les actifs sous-jacents », actifs eux-mêmes stockés sur Coinbase.

Nous avons commencé avec le marché suisse car nous y sommes basés et son environnement est convivial pour la cryptographie. En juillet 2020, nous sommes entrés sur le marché allemand en cotant ABTC (Bitcoin ETP) à la bourse allemande XETRA. La cotation en Autriche permet désormais à tous les pays germanophones d’accéder facilement à cette classe d’actifs. En dehors de la région DACH, aucune autre juridiction au monde n’offre un accès aussi complet à Bitcoin. »

Hany Rashwan, PDG de 21Shares AG

Les deux ETPs sont admis à la Bourse de Vienne pour les investisseurs privés et institutionnels. Les boursicoteurs peuvent donc y investir via leur compte titres régulier et n’ont pas, bien entendu, à se soucier de la détention d’un portefeuille pour y conserver leurs cryptos.

Les investisseurs locaux expérimentés peuvent désormais bénéficier des avantages boursiers dans le crypto trading. Trading surveillé, réglementé et transparent avec des informations en temps réel et un réglement sécurisé. »

Thomas Rainer, responsable commercial de Wierner Börse

Une tendance croissante : un Bitcoin ripoliné

La croissance des actifs sous gestion de 21Shares a atteint plus de 100 millions de dollars en moins de deux ans. Cette bonne santé s’inscrit dans une tendance plus large où la fintech donne aux investisseurs traditionnels la possibilité d’avoir un accès plus réglementé aux cryptomonnaies. Si on peut l’interpréter comme un signal positif du point de vue de l’adoption et de l’acceptation institutionnelle, on peut, comme à chaque incursion de cette nature, regretter un dévoiement des fondamentaux de Bitcoin. Et, notamment dans le registre de la propriété et de la sécurité.

Le mantra « Not your keys ? Not your Bitcoin » formulé par l’ardent évangéliste BTC Andreas Antonopoulos reste d’une brûlante actualité. Ainsi, comme relayé par decrypt.co, Anita Posch, membre du conseil d’administration de Bitcoin Austria, souligne les dangers de la réintermédiation. D’abord, en pointant la position ambivalente de Coinbase conçu à l’origine comme un exchange permettant d’acquérir du BTC en ayant la possibilité de conserver ses clés privées et qui devient de fait, un intermédiaire supplémentaire en sécurisant le sous-jacent de l’ETP. Une orientation de la plateforme qui pourrait à terme être néfaste si la pratique se répandait.

Les exchanges de cryptomonnaies comme Coinbase peuvent tellement (croître) qu’ils pourraient influencer la direction du développement de Bitcoin. »

Anita Posch

Et qui va précisément à l’encontre de la raison pour laquelle Bitcoin a été créé.

Une responsabilité diluée

A savoir responsabiliser l’individu et le rendre autonome financièrement en supprimant les intermédiaires et toutes les manipulations délétères qui ont conduit à la crise des subprimes en 2008.

Tout exchange garantissant un ETP qui ne prouve pas fréquemment sa réserve de fonds pourrait risquer l’insolvabilité par réhypothécation. Une pratique qui permet, à une banque ou à un courtier, d’utiliser les fonds qui leur sont donnés en garantie par leurs clients à leurs propres fins d’investissement. C’était une pratique courante aux Etats-Unis jusqu’à l’effondrement de Lehman Brothers. »

Anita Posch

Le Bitcoin qui se traite également, depuis déjà quelques années maintenant, via des produits dérivés comme les contrats à terme ou les CFD notamment sur le marché américain, est donc en train d’entrer dans une phase de normalisation. Cette exposition facilitée aux cryptomonnaies semble un mouvement irrésistible. Il est difficile à appréhender pour une bonne partie de la cryptosphère partagée entre l’ambition d’une diffusion massive et le souci de ne pas trahir les fondamentaux qui l’ont portée.

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