Artion – La copie vampire d’Opensea qui souhaite « envoyer un message »

27 septembre 2021 - 10:46

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

De nombreuses offres aussi innovantes que variées cohabitent dans le tout nouvel univers des cryptomonnaies. Cela afin de répondre à certaines de ses problématiques en y apportant des solutions aux exigences parfois bien éloignées. Et le plus souvent en relation à la priorité que chaque projet souhaite mettre en avant pour faire la différence. Une diversité de stratégies dont l’une des frontières historiques n’est autre que la décentralisation. Et la distance que chaque acteur de cet écosystème décide de mettre entre lui et cet élément fondamental de son indépendance. Un questionnement qui vient de donner naissance à Artion, le copié/collé d’Opensea qui souhaite « envoyer un message ».

La mise en place de l’écosystème en relation aux cryptomonnaies n’échappe pas à certaines affaires sordides dignes de l’économie traditionnelle. Cela qu’il s’agisse du détournement de fonds par les fondateurs de certains projets, comme dans le cas des fameux rug pulls. Ou plus récemment sous la forme de ce qui s’est avéré n’être rien d’autre qu’une version moderne du classique délit d’initié. Un scandale qui a récemment frappé la plateforme Opensea, leader actuel sur le marché des jetons NFT. Et qui pose une nouvelle fois la question de la décentralisation pour permettre d’éviter ce genre de déconvenues.

Soft rug – La nouvelle arnaque en vogue dans la DeFi ?

Un débat qui ne concerne pas uniquement les projets et différents protocoles de la DeFi. Mais qui s’applique également aux blockchains dont toutes ne sont pas aussi indépendantes que d’autres de leurs développeurs. Ce qui a rendu possible le récent redémarrage du réseau Solana, suite à un plantage intervenu en pleine explosion de son utilisation. Une aubaine selon certains qui ressemblait bien plus à une hérésie pour d’autres. Et qui remet à chaque fois au centre du débat la mainmise éventuelle qu’il est possible d’avoir sur cet univers censé échapper à tout contrôle.

Opensea vs décentralisation

Et cette récente affaire qui a frappé la plateforme Opensea n’a pas manqué de faire réagir. Cela alors qu’elle enregistre une baisse significative de son activité depuis quelques semaines. Une chute qui s’explique en grande partie par l’explosion sans précédent de ses volumes en août. Et qui ne remet pas (encore ?) en question la place de leader incontesté qu’elle occupe toujours actuellement sur ce tout jeune marché. Cela avec plus de 2,6 milliards de dollars de volume de transactions pour ce mois de septembre qui n’est pas encore terminé. Soit tout juste 20% de moins que pour le mois précédent qui représente son record historique.

Mais tout cela avec un mode de fonctionnement clairement problématique. Car il permet visiblement à des individus peu scrupuleux de profiter de son caractère encore trop centralisé pour en tirer profit. Ce qui n’a rien de surprenant dans le cadre d’une structure classique. Mais bien plus lorsqu’il est question de l’univers des cryptomonnaies censé permettre d’échapper à ces dérives. Et d’autant plus lorsque cela concerne l’actuel leader d’un marché des NFTs au centre de toutes les attentions.

Une position qui est très certainement l’une des principales raisons de la forte répercussion de cette affaire de délit d’initié. Et qui a déclenché une véritable vague d’indignation dans les rangs des amateurs de décentralisation. Avec en tête de ce mouvement le célèbre Andre Cronje, fondateur du protocole Yearn Finance (YFI). Cet hyperactif de la création de projets au sein de la DeFi, qui a tendance à inspirer de véritables mouvements d’hystérie spéculative lorsqu’il s’approche un peu trop d’un nouveau projet. Et qui vient d’annoncer le lancement de la plateforme Artion dédiée à la vente de jetons NFT.

Artion, le fork vampire d’Opensea

Un copié/collé assumé qui propose – en apparence – les mêmes services et le même type de fonctionnement que le leader Opensea. Mais à la différence qu’Artion est développé sur le réseau Fantom (FTM) qu’Andre Cronje semble tout particulièrement affectionner. De toute évidence pour des raisons de frais peu élevés et de rapidité plus importante que son homologue Ethereum. Avec cet avantage non négligeable d’offrir la possibilité d’une prise en charge des mêmes jetons ERC-721. Cela tout en ne prenant aucune commission sur les ventes effectuées par ses utilisateurs. Et des frais qui permettent de créer (mint) de nouveaux NFTs pour le prix de 1 FTM, soit environ 1,20$ à son cours actuel.

Est-il nécessaire de rappeler que cette opération entraîne le paiement de frais pouvant s’élever à plusieurs centaines de dollars sur Opensea ? Cette dernière toujours tributaire du réseau Ethereum et pas encore passée sur l’un de ces layers 2 qui permettent de résoudre ce problème. Ce qui fait de ce nouveau projet une véritable épine dans le pied du leader actuel du secteur. En particulier si l’on considère son caractère open source qui peut être utilisé par quiconque souhaite entrer dans la concurrence. Car ce n’est visiblement pas l’ambition d’Andre Cronje, qui se présente comme un simple pyromane aimant « allumer des incendies ». Car selon lui, « il ne s’agit pas d’argent, il s’agit d’envoyer un message. »

Une procédure qui ressemble beaucoup à ces copies de protocoles en mode fork agressif que l’on range dans la catégorie des « vampires ». Et dont le plus connu reste la plateforme décentralisée Sushiswap (SUSHI) et sa tentative de voler les liquidity providers (LP) du leader Uniswap (UNI) il y a tout juste une année. Un DEX qui affiche dorénavant une liquidité supérieure à 3,8 milliards de dollars. Ce dont se défend Andre Cronje qui explique ne pas vouloir couler la plateforme Opensea. Mais cela tout en ne manquant pas de préciser qu’Artion va très rapidement s’ouvrir à d’autres réseaux. Car après Ethereum , Avalanche, Polygon et Arbitrum, ce dernier annonce sa volonté d’y ajouter une nouvelle blockchain chaque semaine…

Recevez le top 3 de l'actualité crypto chaque dimanche