Le Bitcoin (BTC), un recours face à une loi qui contraint les Grecs à dépenser 30% de leurs revenus par voie électronique ?
14 décembre 2019 - 11:30
Temps de lecture : 3 minutes
Par Nathalie E.
En guerre contre l’évasion fiscale, plaie endémique de la Grèce, le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis a décidé de faire voter une loi contraignant tous les citoyens à dépenser au minimum 30% de leurs revenus par voie électronique. Les contrevenants s’exposent à une amende de 22% sur le montant non dépensé par carte ou virement bancaire. Les banques sont tout logiquement désignées pour contrôler les agissements de leurs clients.
La Grèce, toujours en proie à ses vieux démons
Après des années de crise sévère, la Grèce sort la tête des abysses mais, selon sa banque centrale, l’argent non déclaré dans le pays représenterait encore plus d’un tiers du PIB. Aussi, après la loi de 2016 qui obligeait les entreprises à accepter les règlements en carte bancaire et à les justifier, elle en vient à une contrainte législative radicale pour que sa population renonce, en partie, aux espèces. Cette initiative devrait rapporter 500 millions d’euros annuels selon les estimations du gouvernement.
La Grèce, longtemps caractérisée par une administration pléthorique et corrompue, a engagé, depuis la crise de 2009, sous la pression du FMI, des mesures drastiques. Elles commencent à porter leurs fruits mais le gouvernement tient à accélérer le calendrier de réformes « coup de poing ».
Deux poids, deux mesures
Ainsi cette loi pour les autochtones, qui entrera en vigueur en 2020, s’accompagne d’une mesure de carotte fiscale à l’intention des fortunés de la planète. Le gouvernement du Premier ministre a ainsi présenté au Parlement, ce vendredi 6 décembre, ce qu’il nomme une mesure-choc. Appelé «non-dom», ce dispositif, bien connu de certains pays de l’Union Européenne (Irlande, Italie, Chypre, Malte, Portugal…), offre la possibilité de voir son imposition annuelle plafonnée à 100 000 euros. Les conditions sont classiques : résider 6 mois par an dans le pays et y investir 500 000 euros au moins en action ou immobilier. Logique implacable des politiques : on sanctionne la fraude des uns, en partie liée à un taux d’imposition fort et à des lourdeurs administratives assommantes, et on organise l’optimisation fiscale des autres.
Le cash, un art de (sur)vivre à la grecque
Ceux–là mêmes qui, pour un certain nombre d’entre eux, ont du mal à se relever des sacrifices subis pendant 10 ans, tant au niveau du pouvoir d’achat que de la réduction des services publics. A titre d’exemple, la coupe des budgets du système hospitalier a été telle qu’on parle de « Grexit médical ». Les dépenses du ministère de la santé ont en effet diminué de 50% entre 2008 et 2016. Et, si la Grèce est sortie de la récession depuis 2017, avec une croissance du PIB de 2% en moyenne chaque année, son taux de chômage reste le plus élevé de l’Union Européenne (16,9%) tout comme le risque de pauvreté qui touche près de 35% de la population selon Eurostat.
En outre, dans un pays où la circulation des espèces est encore très vivace, les salaires eux-mêmes étant souvent versés en cash, on souhaite bien du zèle aux commis de l’Etat pour appliquer cette loi abusive.
Le Bitcoin, un recours très hypothétique
Dépenser, ou pas, son argent comme on le souhaite, voilà qui sera bientôt une histoire ancienne. On sent poindre la menace partout en Europe où règne un climat liberticide favorisé par le terrorisme et des Etats au bord de la faillite. Les autorités, pour compenser leur propre incurie, font peser le poids de leur incompétence sur la population en étant de plus en plus intrusives.
L’exemple du Venezuela ou de l’Argentine pourrait inciter les Grecs à se tourner vers le Bitcoin pour échapper au contrôle de l’Etat. Leur plus célèbre compatriote dans la cryptosphère s’est empressé de les y encourager. Mais le chemin semble encore long avant qu’il apparaisse comme une solution. Andreas Antonopoulos lui-même le reconnaît, décrivant la communauté Bitcoin en Grèce comme «petite», «isolée» et «opposée au risque», car les personnes ayant les ressources pour acheter des Bitcoins préfèrent généralement les comptes bancaires étrangers, notamment allemands. Il admet aussi, dans son entretien à Coindesk, que l’esprit « combine » des Grecs, où les fakelaki (petites enveloppes) sont monnaie courante pour s’assurer les services d’un médecin, d’un bon plombier ou attirer la mansuétude d’un inspecteur du fisc, ne favorise pas l’émergence du Bitcoin (et de sa traçabilité) comme valeur refuge.
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