Prêts flash loan vs centralisation – Qui est le véritable ennemi de la DeFi ?
Chaque innovation technologique repose sur une force qui devient le pilier de son succès. Cela peut prendre la forme d’une nouvelle manière d’aborder et/ou de résoudre un problème déjà connu. Ou encore de réinventer tout un écosystème du fait d’un positionnement idéologique novateur. L’un n’excluant pas l’autre, mais le choix initial dessinant tout le reste de l’aventure. Le développement de l’univers des cryptomonnaies répond à ces deux critères. Mais sa force réside indéniablement dans son principe originel qui est la décentralisation.
12 novembre 2020 - 10:18
Temps de lecture : 5 minutes
Par Hugh B.
La mise en place du Bitcoin (BTC) était une réponse libertaire au contrôle exercé sur l’outil monétaire par les grands groupes mondiaux, gouvernements compris. Son point de départ repose donc sur une volonté politique d’universalité et d’autonomie. Ce qui a placé au centre de son développement le principe de décentralisation et de communauté. Une réalité souvent oubliée depuis que le BTC est devenu un placement financier courtisé par les banques et les investisseurs institutionnels.
C’est très exactement dans cette lignée que s’est développée la DeFi. Cela en mettant en avant le caractère d’outils financiers efficaces et fonctionnels que sont devenues les cryptomonnaies. Une finance 2.0 qui est restée fidèle à la ligne historique tout en lui apportant une multitude de services financiers jusque là réservés aux monnaies contrôlées.
Une idée révolutionnaire qui a tout se suite rencontrée un succès important. Le tout version décentralisée et avec la mise en place de solutions innovantes issues de cette marmite d’innovation en temps réel. Ce qui a donné naissance aux controversés prêts de type flash loan.
Flash loan – Une primitive de la DeFi
L’une des forces de l’univers des cryptomonnaies est qu’il offre des solutions qui ne sont pas accessibles pour les monnaies traditionnelles. Cela en partie du fait de la technologie blockchain sur laquelle elles reposent. Mais également parce que ce modèle économique est en pleine construction et que ce mouvement est propice à l’innovation et à l’expérimentation. Même si cela ne se solde pas toujours par des résultats probants ou positifs.
Ce laboratoire à ciel ouvert donne naissance à de nombreuses primitives. C’est-à-dire des solutions jusque là inconnues qui marquent un tournant dans la relation que l’on entretient avec l’univers concerné. Le Bitcoin (BTC) et Ethereum (ETH) font indéniablement partie de ce club très fermé, chacun dans une catégorie bien distincte. Les cryptomonnaies élastiques de type rebase (supplycoin) revendiquent également leur appartenance à cet espace VIP.
Un statut auquel peut également prétendre le prêt de type flash loan. Ce dernier ayant très clairement révolutionné notre rapport à l’emprunt de fonds. Une réalité construite en parallèle de la mise en place de nombreuses attaques des protocoles de la DeFi. Cela bien souvent avec son aide. Ce qui n’a clairement pas permis de lui offrir une publicité très positive.
Devenir une baleine le temps d’une transaction
Il est vrai que la plupart – sinon la totalité – des attaques dont a été victime l’univers de la DeFi reposaient sur ce type de prêts flash. Ce qui a même donné son nom à la procédure « attaque flash loan », reproduite à chaque fois ou presque. Il s’agit pourtant d’un outil financier très intéressant qui permet à n’importe quel investisseur d’accéder simplement à un capital important.
Dans les faits, cette formule proposée entre autres par le protocole Aave permet d’ouvrir des prêts non garantis. Ce qui en est le point central, car en temps normal ces offres obligent les utilisateurs à bénéficier d’une importante garantie préalable. La seule condition nécessaire est qu’il soit remboursé dans le cadre de la même transaction. Il peut également et tout simplement être annulé.
« Ils vous permettent d’agir comme une baleine pendant la durée d’une transaction. »
Mark Zeller, Aave
Il suffit de regarder la courbe d’évolution de cette offre au sein du protocole Aave pour prendre conscience de son succès exceptionnel. Une adoption en forme d’explosion qui ne semble pas connaître d’essoufflement. Cela malgré l’image assez négative dont il souffre.
En résumé, ces prêts flash loan permettent à n’importe qui de devenir riche le temps d’une transaction sur la blockchain. Et de pouvoir réaliser des opérations plus importantes du fait de cette soudaine et passagère capitalisation. Ce qui peut poser problème dans le cadre d’intentions malveillantes. Mais qui ne rend pas pour autant l’outil responsable de cette intention.
« Toute attaque exécutée via un prêt flash peut également être exécutée sans prêt flash par un acteur bien capitalisé. Tout ce qu’un prêt flash fait temporairement, c’est faire de n’importe qui dans le monde un acteur bien capitalisé.«
Adelyn Zhou, CoinDesk
Flash loan vs centralisation
Car les prêts flash loan ne sont rien de plus qu’un outil financier accessible au plus grand nombre. Ce qui les inscrit très clairement dans la dynamique universaliste des cryptomonnaies. Un constat qui revient à pointer du doigt le véritable problème, qui n’est autre que cette capacité des individus à profiter d’un espace de liberté pour y réaliser des méfaits.
Une réalité mise en avant dans un article très intéressant d’Adelyn Zhou sur le site CoinDesk. Ce dernier s’attache à remettre les pendules à l’heure dans le domaine. Cela en insistant sur le caractère d’innocence de ces prêts. Le tout en relation à un questionnement sur l’aspect de trop forte centralisation de certaines offres de la DeFi. Ce qui serait à l’origine de ces attaques bien plus sûrement que l’existence des controversés prêts flashloan.
Une affirmation qui trouve tout son sens dans le récent problème de « panne » auquel a dû faire face le réseau Ethereum hier. Cela du fait de la trop forte centralisation de son fonctionnement reposant sur un fournisseur de données victime d’une défaillance.
Le prêt flashloan n’est pas le problème
Une réalité identique au sein de la DeFi. Cela en raison de la dépendance de certains protocoles à une seule source de données de prix. Ce qu’Adelyn Zhou présente comme la défaillance principale à l’origine de la mise en place des attaques dont ils sont les victimes. Et que le prêt flashloan ne fait que rendre accessible à des individus n’ayant pas les fonds nécessaires.
« En étant obsédée par l’outil spécifique utilisé lors de l’exploit, notre industrie néglige la vraie leçon de ces attaques : les protocoles DeFi reposant sur des oracles de prix qui récupèrent des données à partir d’une seule plateforme de négociation peuvent être compromis par des acteurs disposant de grosses sommes d’argent. » – Adelyn Zhou, CoinDesk
Le reste se résume à l’exploitation d’une faille liée à un oracle de prix « sans couverture du marché. » Ce qui met en avant la véritable faiblesse inhérente à l’univers des cryptomonnaies. Celle-ci se trouvant dans la mise en place de systèmes de fonctionnement reposant sur des offres (trop) centralisées. Cela qu’il s’agisse d’un choix initial ou d’un état de fait en relation à son utilisation.
« La vérité derrière les attaques de prêt flash : elles sont financées par des prêts flash, mais ce sont des attaques d’oracle de prix. »
Adelyn Zhou, CoinDesk
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