Le fondateur du Dogecoin attaque violemment l’univers des cryptomonnaies
15 juillet 2021 - 15:00
Temps de lecture : 4 minutes
Par Hugh B.
Dans l’univers des cryptomonnaies certaines règles implicites s’appliquent. Comme le fait d’accepter et de promouvoir leur caractère accessible à tous et résistant à la censure et aux manipulations. Ou encore de se mettre d’accord sur la force du Bitcoin face à l’économie traditionnelle contre laquelle il est censé – nativement – se dresser. Mais tout en se réjouissant de le voir entrer dans les carnets de bal des principales banques et structures financières actuelles. Des acquis théoriques parfois contradictoires qui reposent sur des visions souvent (très) différentes d’un investisseur à l’autre. Et dont l’évolution actuelle finit par laisser sur le bord de sa route certains d’entre eux qui n’y croient plus. C’est en tout cas ce que vient d’affirmer ouvertement le fondateur historique du Dogecoin, dans une tribune sanglante.
Est-ce que le Dogecoin est cette cryptomonnaie inutile au service de la mégalomanie irritante d’Elon Musk ? Et ce réservoir à investisseurs amateurs de rendements stériles construits sur des manipulations grossières ? Ou le véritable et symbolique mètre étalon d’un écosystème qui vacille actuellement entre ses valeurs natives et une spéculation toujours plus sauvage ? Des questions que vient de soulever la récente intervention de son fondateur démissionnaire Jackson Palmer. Cela dans un thread publié sur Twitter, où il répond une bonne fois pour toutes à cette question se savoir s’il « reviendrait à la cryptomonnaie ». Et sa réponse est… sans appel !
Une prise de position difficile à séparer de l’aspect revanchard que peut représenter son départ un peu trop rapide de ce (non) « projet ». Cela en 2015, alors que le DOGE naviguait calmement dans des eaux dont la température s’était stabilisée à 0,00015$ environ. Le tout dans le style de ces musiciens qui quittent un groupe à succès. Mais cela juste avant qu’il ne vende des albums par millions. Ce qui lui permet cependant de conserver une vision qui échappe à la hype qui s’est emparée du Dogecoin. Ce dernier passé de simple blague potache à 8e au classement du top 10 des cryptomonnaies actuelles.
Une industrie contrôlée par un cartel de riches
S’il y a bien une chose que l’on ne peut pas retirer au Dogecoin, c’est son statut de symbole. Une sorte d’OVNI dans l’univers des cryptomonnaies, qui en fait un phénomène unique. Et qui permet de réaliser certaines mesures de son évolution actuelle avec le flair d’un chien tout sauf policier. Cela dans le domaine de la manipulation des cours, du sérieux de ce secteur et de l’appétit pour les profits (trop) rapides (liste non exhaustive).
Un constat qui pousse son fondateur à avoir un regard très critique sur le sujet. Et un écosystème qu’il présente comme « une industrie contrôlée par un puissant cartel de riches personnalités ». Ces dernières ayant, toujours selon lui, « incorporé bon nombre des institutions liées au système financier centralisé existant qu’elles (les cryptomonnaies) sont censées remplacer. »
« Après des années d’étude, je pense que la cryptomonnaie est une technologie hyper-capitaliste intrinsèquement de droite conçue principalement pour amplifier la richesse de ses partisans grâce à une combinaison d’évasion fiscale, de surveillance réglementaire réduite et de rareté artificiellement appliquée. » – Jackson Palmer
Une réalité qui peut être appliquée à bon nombre des secteurs innovants. Ces derniers portés par des idéalistes dont la ténacité est à la hauteur de leur engagement. Ce qui finit bien souvent par les opposer à une adoption considérée comme une dilution de ces principes fondateurs. Et qui semble placer Jackson Palmer face à ce qu’il décrit comme un système dont le but se résume dorénavant à dépouiller des individus « financièrement désespérés et naïfs ».
Une décentralisation trop risquée
Et Jackson Palmer ne s’arrête pas en si bon chemin. Car il s’attaque également à l’aspect décentralisé de l’univers des cryptomonnaies. Ce qui selon lui finit pas ne servir que les intérêts des plus riches. Et empêcher l’investisseur moyen d’avoir recours aux « protections » que le système traditionnel permet selon lui d’obtenir. Une bien étrange manière de présenter les choses. Car ces « risques » ne sont que l’équilibre nécessaire pour prétendre à l’indépendance que tout cela offre. Mais avec ce supplément impératif de responsabilité personnelle de chaque investisseur face à ses décisions et opérations.
« La cryptomonnaie, c’est comme prendre les pires aspects du système capitaliste actuel (par exemple, la corruption, la fraude, les inégalités) et utiliser un logiciel pour limiter techniquement l’utilisation d’interventions (par exemple, les audits, la réglementation, la fiscalité) qui servent de protections ou de filets de sécurité pour la population moyenne. » – Jackson Palmer
Et bien évidemment, cette prise de position n’a pas manqué de faire réagir. Avec comme principal angle d’attaque le fait de refuser de recevoir des leçons du fondateur du plus gros shitcoin actuel. Et dont la vocation n’a jamais été rien d’autre que de cloner le Bitcoin. Et de devenir au final le tout premier piège à pigeons homologué et historique de la cryptosphère, n’en déplaise à ses détenteurs actuels.
Quoi qu’il en soit, il reste évident que certains jalons mis en place lors de la création de cet écosystème doivent être surveillés et conservés. Cela afin de poursuivre une évolution en cours, sans abandonner sur le chemin l’essence même de ce qui la porte. C’est-à-dire une économie accessible à tous, résistante à la censure et décentralisée. Mais qui doit encore travailler sur son aspect d’autonomie aux manipulations des dirigeants milliardaires de sociétés de voitures électriques. Et le départ annoncé en mode aboiements furieux du fondateur du Dogecoin permet au moins de se rappeler qu’une conscience de cela reste nécessaire…
Restons connectés
7,831 followers
17,800 followers
136,000 followers
1,246 followers