Bruno Le Maire mélange cryptomonnaies et terrorisme – La cryptosphère s’enflamme

10 décembre 2020 - 09:15

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

Il n’y a rien de plus exaspérant que de voir une technologie émergente pleine de promesses se faire bâillonner par l’étroitesse d’esprit des régulateurs. Et c’est peut-être bien le seul domaine dans lequel la France peut se vanter d’être leader. Tout cela pour des raisons évidentes de contrôle qui ne se soucient absolument pas de mesurer les conséquences catastrophiques que cela peut avoir. Et en usant une nouvelle fois du spectre du terrorisme qui commence à ressembler au point Godwin des mauvaises discussions de comptoirs dans le domaine. 

Le gouvernement français vient de déposer officiellement la marque du « point Terrorisme. » Un mot qui permet de tout faire passer, mais surtout de tout détruire avec l’assentiment d’une bonne part de la population. Tout cela baignant dans une ignorance partagée du domaine qui va en subir les attaques. Mais la répression ne s’embarrasse jamais de connaissance. Elle réprime…

Un exercice de style dans lequel excelle le gouvernement français. Et que Bruno Le Maire vient une nouvelle fois de mettre en pratique hier soir sur Twitter, dans une annonce qui a immédiatement fait réagir l’ensemble de la cryptosphère. Cela alors même qu’elle est présentée dans le texte comme « émanant des acteurs de cet écosystème. » Le tout donnant lieu ce matin à un rapport officiel


Bruno Le Maire s'attaque encore aux cryptomonnaies

Une ficelle du terrorisme à la grosseur presque risible, mais pourtant toute proche de la rupture pour des raisons d’utilisation abusive. Et qui vient une nouvelle fois d’être plaquée sur l’univers des cryptomonnaies comme on annonce la prise en main d’un problème majeur. Et pendant que Bruno Le Maire montre le terrorisme du doigt, les idiots regardent les cryptomonnaies. Et c’est tout son écosystème qui étouffe !

Critiquer l’outil et ignorer le problème

Est-il besoin de rappeler que ce n’est jamais l’outil qui pose problème, mais bien la façon dont on l’utilise. Une réalité qui s’applique tout particulièrement dans la situation actuelle. Et qui aurait vu disparaître le dollar, l’euro et toutes les monnaies fiduciaires si l’honnêteté intellectuelle était de la partie. Car ce sont bien les plus grosses sources de financement de toutes les activités répréhensibles, terrorisme compris !

Un fait que Bruno Le Maire reconnaît lui-même à demi-mot dans son affirmation. Cela lorsqu’il explique vouloir « assécher au moindre euro tous les circuits de financement du terrorisme. » Le tout en luttant contre ce qu’il présente comme l’anonymat des crypto-actifs au sens large. Mais le ministre de l’Économie sait-il seulement de quoi il parle ? 


Les banques blanchissent plus d'argent que le Bitcoin

Le plus triste est que ces attaques n’ont pas de sens. Cela tout simplement car les cryptomonnaies et le Bitcoin ne sont pas aussi simples d’utilisations que ces affirmations le prétendent. Que la régulation actuelle qui exige une identification de type KYC sur les plateformes d’échange y apporte une réponse tout à fait suffisante. Et que l’anonymat que l’on prête aux cryptomonnaies est un mythe dont même le DASH tente de se défaire

Contrôler les échanges crypto-to-crypto

Et dans les faits, le communiqué de presse présenté à cette occasion par Bruno Le Maire est très explicite. Il exige la mise en place d’un système de contrôle de l’activité d’échange crypto-to-crypto. Cela dans le but de « protéger l’intégrité financière de notre économie. » Ne serait-on pas en train de s’éloigner de la sirène du terrorisme pour entrer dans quelque chose de plus… cryptophobe ?

Bruno Le Maire s'attaque encore aux cryptomonnaies

Le tout agrémenté d’annonces qui ne sont rien de plus que l’affirmation de ce qui existe déjà. Et dont l’application ne va rien changer puisque cela ne concerne que le territoire français. Ce qu’un bon VPN sur Internet permet de contourner en seulement quelques secondes

Cette exigence de contrôle des échanges crypto-to-crypto est une première dans le domaine. Et Bruno Le Maire n’explique pas comment une telle surveillance peut être mise en place en termes pratiques. Ce qui paraît tout simplement impossible sans détruire totalement un écosystème crypto français qui a déjà du mal à s’imposer sur le marché mondial. Et qui a pourtant intégré les exigences précédentes sans sourciller.

Quelles implications possibles ?

Cela met en place une situation tout aussi ubuesque que complexe. En particulier dans le domaine des plateformes décentralisées qui n’imposent ni KYC ni aucune forme d’inscription. Et qui pourraient bien se voir bannies de nos accès Internet pour des raisons de lutte anti-terroriste. Cela tout comme une bonne partie des protocoles de la DeFi. Ce qui commencerait alors à ressembler bien plus à de la censure qu’à cette volonté de protection affichée. 


Régulation des portefeuilles de type Ledger

Et si de telles mesures sont possibles, pourquoi ne pas les appliquer uniquement aux personnes sous surveillance judiciaire effective ? Cela serait bien plus simple à mettre en place. Tout en évitant la nécessité de tracer chaque utilisateur sans aucune distinction. Car traiter tout le monde comme un terroriste potentiel ne permettra pas d’en réduire le nombre ni l’activité.

De plus, la protection de la vie privée doit rester une priorité absolue cela même face à un risque terroriste. Une affirmation qui ne fait pas de celui qui l’exprime un coupable potentiel. Mais juste le garant de cette nécessité qui se fait plus pressante à chaque tentative de ce genre pour en réduire l’étendue. Et que l’univers de la blockchain et des cryptomonnaies est le plus à même de défendre. 

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