Existe t-il une probabilité que des Etats acquièrent du bitcoin en 2022 ?

14 janvier 2022 - 10:14

Temps de lecture : 3 minutes

La réponse est oui si on se fie au récent rapport du gestionnaire d’actifs Fidelity. Celui-ci estime qu’au regard de la reconnaissance réglementaire et gouvernementale acquise par Bitcoin en 2021, la probabilité est élevée que de nouveaux Etats-nations se mettent, à l’instar du Salvador, à acheter du BTC. Pas forcément par conviction, mais plutôt pour ne pas rater le train d’une innovation majeure dans la compétition mondiale qui désignera les leaders économiques de demain.

Une hypothèse optimiste en dépit d’orientations gouvernementales opposées

Il n’aura échappé à personne que Bitcoin en 2021 a acquis un nouveau statut. L’argent d’Internet réservé à l’origine à une poignée d’initiés s’affiche maintenant au bilan de grandes entreprises et d’un Etat-Nation.

Dans sa synthèse sur les tendances observées en 2021 et leur impact potentiel futur, Fidelity s’attend à ce que davantage d’Etats acquièrent du bitcoin. Une hypothèse qui peut paraître surprenante dans la mesure où le paysage réglementaire de la crypto a fait montre d’un contraste saisissant.

D’un côté la Chine qui a multiplié les menaces contre l’écosystème tout au long de l’année pour finalement interdire une énième fois les transactions en cryptomonnaie et toute exploitation minière sur son territoire. De l’autre, le Salvador qui est devenu la première nation souveraine à donner au bitcoin le statut de monnaie légale aux côtés du dollar américain en multipliant les initiatives en faveur de son adoption. Déploiement de son propre portefeuille numérique (le très discutable Chivo), distribution de satoshis aux citoyens, achat répété de BTC pour alimenter les réserves du pays et lancement d’un « bitcoin bond » d’un milliard de dollars destiné pour moitié à l’achat de la première crypto, les 500 autres millions servant au développement des capacités de minage du pays (qui permettront de rembourser l’emprunt).

Sans préjuger laquelle de ces orientations gouvernementales, diamétralement opposées, l’emportera, Fidelity reste confiant quant au futur des crypto-actifs. D’abord en raison de leur nature décentralisée qui les rend incensurables. Mais aussi, parce qu’en admettant qu’une interdiction se réalise vraiment, elle entraînera de son point de vue « une perte significative de richesse et d’opportunités » pour le pays censeur. A l’appui de sa thèse, l’argument « historique » selon lequel « les capitaux affluent là où ils sont le mieux traités et qu’adopter l’innovation conduit à plus de prospérité ».

Une logique impérieuse

Partant de ce principe, les deux auteurs de la synthèse en déduisent une théorie des jeux à enjeux élevés en ce qui concerne l’adoption de Bitcoin.

« Si l’adoption de Bitcoin augmente, les pays qui sécurisent certains bitcoins aujourd’hui seront plus compétitifs que leurs pairs. Par conséquent, même si d’autres pays ne croient pas à la thèse de l’investissement ou à l’adoption du bitcoin, ils en acquerront obligatoirement comme forme d’assurance. »

Et dans la balance, ils font valoir l’avantage d’acheter du bitcoin aujourd’hui, prix modéré à payer comme couverture, que demain par rapport à un coût potentiellement beaucoup plus élevé. Pour eux, les avantages d’un pays à intégrer bitcoin dans ses réserves l’emportent allègrement sur les risques que de nombreux gouvernements associent encore aux cryptomonnaies.

« Nous ne serions donc pas surpris de voir d’autres États-nations souverains acquérir du bitcoin en 2022. Peut-être même verrons-nous une banque centrale faire une acquisition. »

Fidelity fidèle à sa conviction

Notons qu’en dehors du Salvador, plusieurs autres Etats détiendraient déjà du bitcoin dans leurs réserves mais de façon officieuse. Ainsi, selon le site Bitcoin Treasuries qui met en garde contre des données peu fiables, à l’heure actuelle, l’Ukraine et la Georgie en possèderaient aussi. D’autres, comme la Norvège, y seraient exposés via leurs fonds souverains.

La conviction exprimée par Fidelity dans un environnement réglementaire caractérisé encore aujourd’hui par un manque de clarté patent peut sembler optimiste. Mais rappelons que le géant américain des fonds communs de placement a été pionnier parmi les grands acteurs de Wall Street. Il a lancé dès 2018 un service de garde et de trading de cryptomonnaies, le Fidelity Digital Assets, et a depuis multiplié les initiatives dans l’industrie crypto.

Porté par la foi de sa dirigeante Abigail Johnson, Fidelity a ouvert la voie à l’intégration des cryptomonnaies dans des stratégies d’envergure institutionnelle et a largement contribué au fait que nombre de ses pairs se soient engagés à sa suite dans l’écosystème. La progression de bitcoin et consorts lui a jusqu’à présent donné raison…

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