MetaMask – Blocage « par erreur » de ses utilisateurs au Vénézuela
04 mars 2022 - 09:00
Temps de lecture : 4 minutes
Par Hugh B.
Tremblement de terre au sein de la cryptosphère en fin de journée hier. De nombreux tweets et messages indiquent que le portefeuille MetaMask serait à l’origine d’un blocage total de ses utilisateurs situés au Vénézuela. Un timing pas tout à fait approprié en pleines tensions géopolitiques à propos du conflit en Ukraine. Et sur l’utilisation, toujours beaucoup plus présumée que réelle, des cryptomonnaies comme moyen de contourner les sanctions internationales. Il n’en fallait pas plus pour déclencher une tempête, que MetaMask tente actuellement de contenir dans un verre d’eau.
La situation internationale n’est de toute évidence pas propice aux dérapages. Une réalité à laquelle vient de se heurter violemment le portefeuille MetaMask. Ce dernier, leader actuel et jusque là très apprécié des portes d’entrée vers les univers de la DeFi et des cryptomonnaies. Mais avec comme rançon du succès, de nombreuses arnaques en relation à son utilisation et autres copies de son code à destinations commerciales. Car au sein de cette économie numérique naissante, tout ce qui est populaire devient potentiellement risqué.
Mais la dynamique de développement de MetaMask se démarque des autres projets du même genre. En premier lieu, du fait de l’absence d’une cryptomonnaie native que la plupart de ses utilisateurs désespèrent de voir arriver un jour. Et face à cela, une équipe de développement dont la priorité semble être de ne pas faire trop de vagues réglementaires. Avec comme principal argument avancé, une crédibilité au centre de ses préoccupations, face à un marché définitivement plus polémique que consensuel.
MetaMask – Blocage « par erreur » du Vénézuela
Une politique interne qui peut être compréhensible, face à des instances de régulation très clairement hostiles et à l’affut du moindre écart de conduite. Mais de toute évidence, avec une motivation à appliquer les sanctions américaines un peu trop zélée. Car en cette fin de semaine, un véritable scandale a secoué l’ensemble de l’écosystème des cryptomonnaies. Cela à propos d’un blocage émis à l’attention des utilisateurs du portefeuille MetaMask situés sur le territoire du Vénézuela. Ces derniers dans l’incapacité d’accéder à leurs fonds et au réseau Ethereum.
Aussitôt, une véritable polémique s’est mise à enfler. Le tout très certainement attisé par les nombreuses tentatives de blocage des cryptomponnaies émises dans le cadre du conflit en Ukraine. Car ce n’était certainement pas le moment de se faire remarquer comme un outil potentiellement censurable. Alors que dans le même temps, les fonds numériques affluent par millions pour soutenir ce pays, au cœur d’une crise géopolitique majeure. Mais les faits sont là. Et une page mise à jour hier sur le site officiel de MetaMask l’atteste : « par défaut, MetaMask accède à la blockchain via Infura, qui n’est pas disponible dans certaines juridictions en raison de la conformité légale. » Infura ?
Infura – Point faible de MetaMask (et Ethereum ?)
Car une fois la colère retombée, une étude plus approfondie de la situation a permis d’écarter une faute directe du portefeuille MetaMask. Et de toute évidence, sa seule véritable erreur semble être de reposer sur l’utilisation du service de gestion de données Infura. Une infrastructure très (trop) importante au centre du fonctionnement de la blockchain Ethereum. Cette dernière déjà montrée du doigt à plusieurs reprises comme un véritable point faible, du fait de la centralisation qu’elle impose. Et de toute évidence ces craintes étaient à la fois justifiées et encore largement sous-estimées.
Car ce blocage de MetaMask serait au final dû à une simple « erreur » de dosage de la part d’Infura. Cette structure, détenue par le géant Consensys, ayant appliqué un peu trop largement les exigences de géoblocage imposées par l’Office of Foreign Assets Control américaine. Cela dans le cadre de sanctions pour le moment circonscrites à « l’Iran, la Corée du Nord, Cuba, la Syrie et les régions de Crimée, Donetsk et Lougansk en Ukraine. » Quelle bonne nouvelle ! (ironie inside)
« En modifiant certaines configurations à la suite des nouvelles directives de sanctions des États-Unis et d’autres juridictions, nous avons configuré par erreur les paramètres plus largement qu’ils ne devaient l’être«
Infura
Infura s’excuse de sa « surveillance »
Et au sein de ce tumulte, la structure Infura n’a pas manqué de proposer des excuses à propos de cette « surveillance » pourtant appliquée avec zèle. Mais, même par « erreur », la procédure et sa simplicité de mise en place sont dorénavant connues de tous. Avec cette question impossible à écarter du degré de décentralisation que permet de conserver (perdre) ce genre d’acteur au sein de l’écosystème des cryptomonnaie. Alors même que sa raison d’être repose sur une absence de censure. Car même « touchée par inadvertance » le Vénézuela n’est que la démonstration de ce problème.
« MetaMask s’appuie sur Infura comme point de terminaison par défaut. Mais ce paramètre peut être modifié par les utilisateurs s’ils le souhaitent ou en cas d’interruption de service. Nous nous excusons sincèrement pour l’interruption auprès des personnes dans les régions touchées par inadvertance«
MetaMask
MetaMask a également présenté ses excuses. En expliquant dans le même temps que l’utilisation d’Infura n’est qu’une option de son portefeuille appliquée par défaut. Car il semble nécessaire de le savoir et de connaître le moyen d’en contourner l’apparente servitude réglementaire. Ce qui permet à certains d’affirmer que le portefeuille MetaMask reste bien un outil décentralisé. Mais à quel point exactement, dans la mesure où les services par défaut qu’il propose ne le sont clairement pas ?
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