Pourquoi Bitcoin revient-il sur le devant de la scène ?

Il n’aura échappé à personne que le prix du bitcoin connaît un début d’année assez ébouriffant. La pionnière des cryptomonnaies éclipse allègrement toutes ses petites camarades et domine même la plupart des autres classes d’actifs. Cette mise en vedette est vraisemblablement liée à la conjonction de deux facteurs qui, combinés, lui ménagent une place à part dans un contexte macroéconomique qui reste pourtant peu avenant pour les actifs dits « risqués ». D’abord, l’essor d’un nouveau cas d’utilisation, les « artefacts numériques », qui dynamise l’activité du réseau Bitcoin, ensuite la solide offensive des régulateurs US contre les entités ou services centralisés cryptos qui épargne de fait le seul protocole véritablement « acéphale » de l’écosystème.

19 février 2023 - 11:58

Temps de lecture : 4 minutes

Le prix du bitcoin retrouve des niveaux qu’il n’avait pas revus depuis août 2022. En oscillant autour des 25 000 $, il refait briller les yeux de ceux qui, contre vents et marées, sont restés dans le game et, en admettant qu’il atteigne prochainement le chiffre symbolique des 30 000 $ (ce n’est qu’une supposition), on le reverra probablement à la une des médias mainstream, attirant corrélativement de nouveaux particuliers sur le marché, qui feront grimper son prix, avant de se faire dévorer tout cru par les professionnels du trading.

Bon, rien de très nouveau sous le soleil, sinon un appel à la prudence pour qui voudrait s’y aventurer sans avoir au préalable pris soin de faire ses devoirs. En revanche, ce qui est inédit, c’est ce qui se passe aujourd’hui sur le réseau Bitcoin.

Ordinals, des NFT qui dynamisent le réseau Bitcoin

En effet, à la fin du mois de janvier est apparu le projet Ordinals, un protocole tirant parti de la mise à jour Taproot qui permet d’augmenter la taille des données par bloc, pour transformer des satoshis (la plus petite division du BTC) en des NFT potentiels. Autrement dit, le réseau Bitcoin peut aujourd’hui inscrire des NFT dans la signature des transactions, et le moins que l’on puisse dire c’est que cette initiative controversée est un vrai succès. Ainsi, depuis son lancement, plus de 44 millions de nouvelles adresses BTC ayant un solde positif ont été créées.

Source : Twitter

Et plus de 130 000 NFT Ordinals selon les données de Dune analytics. Ceux-là mêmes qui sont venus remplir opportunément l’escarcelle de mineurs (rendus exsangues par l’hiver crypto) avec des frais de transaction s’élevant à plus de 600 000 dollars.

Ce nouveau cas d’utilisation, qui est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté, certains y voyant un dévoiement de son objectif d’être exclusivement un système de paiement pair-à-pair, a donc relancé la machine Bitcoin.

NFT, Metaverse et Web3

Bitcoin vs Ordinals - Le protocole NFT de la discorde

Hugh B. - 30 Janv 2023 - 09:24

Jusqu'à présent, les NFTs étaient réservés à d'autres réseaux que celui [...]

Lire la suite >>

Mais ce n’est pas le seul facteur de croissance du BTC à relever en ce début 2023, l’offensive régulatrice venant principalement des Etats-Unis, y est aussi pour beaucoup. D’ailleurs, le succès des NFT Ordinals est peut-être aussi lié à la surveillance de plus en plus étroite des mécanismes de preuve de participation sur lesquels reposent la grande majorité des blockchains ayant leurs propres jetons natifs.

L’offensive régulatrice contre les cryptos favorise Bitcoin

Si l’affaire FTX a fait des dégâts considérables, elle permettra peut-être aussi de faire le ménage et d’assainir une industrie crypto abusée par ses acteurs escrocs. Si les petits investisseurs resteront probablement les grands perdants de cette farce sinistre et cynique, les régulateurs pris en défaut sur cette séquence relèvent la tête et laissent tomber le gourdin pour taper sur tout ce qui ressemble de près, ou d’un peu plus loin, à une structure centralisée. Et dans cette guerre menée au pas de charge, la puissante SEC US est aux avant-gardes. Son patron, Gary Gensler, soupçonné de complaisance avec l’idole déchue Sam Bankman-Fried, met les bouchées doubles.

Ainsi, sous sa houlette, il semblerait que la plupart des cryptos soient assimilables à des titres financiers (securities) et donc soumises à un strict cadre réglementaire auquel leurs émetteurs ne se sont pas conformés, ou les plateformes offrant des services qui leur sont liés. Kraken en a fait les frais (30 millions de dollars d’amende) et a fermé son offre de jalonnement sur le territoire US. Ce n’est pas la première, et elle ne sera certainement pas la dernière.

Bitcoin hors catégorie

La seule crypto à échapper à cette catégorisation serait Bitcoin. C’était dans l’air, et même sans claironnement officiel, l’affaire devient certaine, le BTC est une marchandise, une matière première, enfin bref une commodity et partant, il n’entre pas dans l’étau SEC.

Régulation

Bitcoin est une marchandise

Nathalie E. - 28 Juin 2022 - 10:58

Le président de la Securities and Exchange Commission (SEC), Gary Gensler, a [...]

Lire la suite >>

Par la grâce de son mécanisme de consensus, la preuve de travail (PoW), il échappe au risque de censure et d’oppression réglementaire, ce qui semble désormais largement admis par les régulateurs eux-mêmes. De fait, il (re)devient l’actif cryptographique le plus « investissable » pour les uns et les autres, et notamment pour les institutionnels qui avaient fui le marché en raison du froid polaire mais surtout du doute réglementaire. De même, anticipant le couperet qui pourrait tomber sur toutes les altcoins, y compris l’Ether, la tentation pour les investisseurs de les convertir en BTC pourrait s’affirmer de plus en plus.

Les stablecoins sur la sellette renforcent la fiabilité du Bitcoin

Une autre raison, mettant Bitcoin sous le feu des projecteurs, est aussi vraisemblablement la charge menée contre les stablecoins, au premier rang desquels figure le BUSD de Paxos. Le motif semblable, à savoir un titre financier distribué sans autorisation, fait peser une menace sur les autres stablecoins fonctionnant de la même manière, c’est à dire adossé au dollar américain et contrôlé par une société domiciliée aux Etats-Unis. Le pionnier du segment, le sulfureux USDT de Tether rayonnant depuis Hong Kong, en a d’ailleurs profité pour asseoir encore sa position de leader.

Mais le fait est que les temps sont à la douleur pour les stablecoinsl’arrivée imminente des monnaies numériques de banques centrales n’y est sans doute pas étrangère – et face à une répression qui pourrait s’intensifier, le bitcoin pourrait reprendre ses atours de valeur de confiance et de cheville-ouvrière, comme quand il servait de base aux paires de trading avant l’irruption de l’USDT en 2014. On n’en est pas encore là, on en est même loin, mais dans cet univers réactif, tout peut s’envisager. Egalement le fait que l’embellie actuelle du marché crypto portée par un bitcoin souverain ne soit que passagère. Le contexte macroéconomique, avec notamment des marqueurs d’inflation plutôt décevants, invite encore et toujours à la plus grande prudence.

Disclaimer : cet article traite de l’actualité des cryptomonnaies. Il ne s’agit pas d’un conseil en investissement. Toute prise de position doit s’accompagner de recherches personnelles et nécessite de croiser plusieurs sources avant de se lancer. DYOR !

Recevez le top 3 de l'actualité crypto chaque dimanche