Qu’est-ce que le Web3 ?

Tout le monde en parle, mais personne n’est réellement en mesure de déterminer ce qu’est ce « Web3 » vendu à toutes les sauces dans le secteur des cryptomonnaies comme ailleurs. Pourtant, l’utilisation récurrente de ce terme afin de présenter un avenir d’Internet aux multiples promesses pose la question d’une définition plus précise. En effet, qui peut réellement se revendiquer du Web3 ? Est-ce réellement une version décentralisée d’Internet capable de renverser l’hégémonie des GAFAM, ou un simple terme marketing vide de sens ? Enfin, quelle place peuvent occuper les cryptomonnaies dans ce projet aux contours aussi flous que ce marché est volatil…

03 juillet 2023 - 09:00

Temps de lecture : 5 minutes

Par Hugh B.

Il n’est pas question ici de trouver et d’imposer une définition unique du Web3. En effet, le but de cet article est de tenter de comprendre les différents enjeux cachés derrière ce terme utilisé à toutes les sauces, au point d’en devenir indigeste. Car à l’origine, cette idéologie s’articule autour d’une version décentralisée d’Internet définie pour la première fois en 2014 par Gavin Wood, l’un des cofondateurs du réseau Ethereum.

Mais depuis quelques temps, ce terme est devenu très à la mode. En effet, tout le monde se revendique du Web3, du géant des GAFAM à la plateforme centralisée Binance en passant par des entreprises plus classiques comme Renault, les Grands prix de Formule 1 ou… les Commissaires de Justice ! Alors, passé de Gavin Wood aux portes des géants du Web2, que signifie le Web3 ? Et qu’est-ce que cela représente en théorie aussi bien qu’en pratique ?

Web3 – La vision initiale de Gavin Wood

Avant d’essayer de comprendre un concept ou une idéologie, il est toujours nécessaire de se plonger quelques instants dans les origines de sa mise en place. Et en ce qui concerne le Web3 (également appelé Web 3.0) sa première mention date de 2014 de la part de Gavin Wood, acteur emblématique du secteur des cryptomonnaies.

En effet, ce dernier a été cofondateur du réseau Ethereum avant de se lancer quelques années plus tard dans l’aventure Polkadot (DOT), dont il sera le PDG jusqu’en 2022. Mais il est également l’initiateur de la Fondation Web3 lancée en 2020 et à l’origine du développement de cette blockchain censée répondre aux exigences particulières de sa vision d’un Internet décentralisé.

Gavin Wood Web3

« Le Web3 est une sorte de vision alternative du Web où les services que nous utilisons ne sont pas hébergés par un seul fournisseur de services, mais plutôt des choses purement algorithmiques qui sont, dans un certain sens, hébergées par tout le monde. Tout cela est basé sur le peer to peer. L’idée étant que tous les participants contribuent à une petite part du service ultime. Et donc, personne n’a vraiment d’avantage sur quelqu’un d’autre. »

Gavin Wood

Un terme à cette époque attaché à 4 exigences nécessaires et distinctes :

  • Décentralisation
  • Accès à tous
  • Paiements natifs en cryptomonnaies
  • Le code comme seule loi

Dans les faits le Web3 de Gavin Wood est donc un agrégat de décentralisation basée sur la blockchain et les smart contracts accompagné d’une utilisation des cryptomonnaies comme moyen de paiement. Et ce qui s’en rapproche le plus à l’heure actuelle est sans aucun doute possible le secteur de la DeFi.

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Web3 – Une version décentralisée du Web2

Mais pour poser un peu plus loin cette présentation, le Web3 a rapidement été considéré comme la seule alternative possible au Web2 que nous connaissons actuellement. C’est-à-dire une version d’Internet dominée par les géants du secteur (GAFAM) – Google, Apple, Facebook (devenu Meta), Amazon et Microsoft – dont le modèle économique consiste à revendre les données de ses utilisateurs au plus offrant. Et depuis peu à faire payer des services jusque là gratuits, tout en continuant à puiser dans nos voies privées pour engranger des milliards de dollars.

Car le Web3 est censé être accessible à tous, open source et « participatif » afin d’assurer sa décentralisation par absence de structures centralisées dominantes. Un principe fortement associé à la philosophie cryptographique et CypherPunk, dont les grandes lignes sont : protection des données, anonymat numérique et absence de chef. Avec comme modèle d’application dans le secteur des cryptomonnaies, la gouvernance des protocoles ou la protection des blockchains à l’aide des mineurs pour le Proof of Work (PoW) du Bitcoin ou des validateurs dans le cas du Proof of Stake (PoS) adopté fin 2022 par le réseau Ethereum.

Concrètement, cet Internet version Web3 serait dans les grandes lignes censé reposer sur des applications décentralisées (dApps) construites sur des blockchains. Le tout alimenté et monétisé par des cryptomonnaies natives destinées à rémunérer des individus ou structures anonymes en échange de services rendus comme leur sécurisation, la fourniture de liquidité, la location d’un espace de stockage, etc… Et même si certains projets sortent du lot, c’est bien – en théorie – leurs communautés qui restent aux commandes.

Web3 – On prend les mêmes et on recommence ?

Mais la théorie à ses principes que la pratique ignore. Et depuis quelques temps cette idéologie décentralisée semble laisser place à une sorte de certification du caractère innovant de ce qui est proposé.

Ainsi, utiliser un système de billetterie basé sur les NFTs est présenté comme Web3 (peu importe les détails techniques). Cela au même titre que la politique menée par la plateforme Binance, pourtant leader du secteur des exchanges CENTRALISÉS. Car son fondateur Changpeng Zhao (CZ) la présentait encore l’année dernière comme une « pure entreprise Web3 » du simple fait que sa stratégie consistait à « ne pas reculer, mais avancer. » Il va en falloir un peu plus !

Changpeng Zhao (CZ) - Binance est une "pure entreprise Web3 »

Le but n’est pas de refuser le statut d’entreprise Web3 revendiqué par Binance. Mais si cette plateforme réussit à survivre aux multiples pressions réglementaires actuellement exercées à son encontre, elle pourrait devenir l’un des prochains géants de cet Internet présenté comme décentralisé. Et de ce fait, serait-elle plus à classer dans le rang des GAFAM ou des protocoles de la DeFi ? Difficile de ne pas pencher du côté des géants centralisés du Web actuel… malgré toute la communication appliquée comme de la vaseline par Changpeng Zhao (CZ).

Et que dire d’entreprises comme Google en train de surfer sur cette tendance ? Ou encore de Microsoft dont le récent partenariat avec le protocole Ankr est censé « connecter les applications et les utilisateurs à une nouvelle couche d’Internet Web3. » Et même la trop forte proportion des nœuds de la blockchain Ethereum – censée être décentralisée – hébergés sur le Cloud d’Amazon Web Service (AWS), dont le moindre bug fait trembler tout l’écosystème des cryptomonnaies. La question reste ouverte, mais un jour ou l’autre une frontière plus claire devra être tracée.

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Web3 – Et les cryptomonnaies dans tout ça ?

Et pour ceux qui se posent encore la question de l’utilité des cryptomonnaies, le Web3 pourrait apporter certains éléments de réponse intéressants. Car même si le Bitcoin poursuit sa route en marge de ces préoccupations, le marché des altcoins est quant à lui intimement lié à cette économie numérique en relation à une vision décentralisée d’Internet. Car nombreux sont les projets dont la cryptomonnaie native est présentée comme un simple outil communautaire accompagné la plupart du temps de la mise en place d’une Organisation Autonome Décentralisée (DAO) pour gérer les décisions importantes.

Une logique de développement au cœur des plus importants projets de la DeFi, n’en déplaise aux politiciens de protocoles, ou des différentes blockchains basées sur une dynamique effectivement décentralisée. Car il ne suffit pas de se revendiquer publiquement du Web3 pour faire partie intégrante de cette dynamique basée sur des principes souvent ignorés au moment de cette affirmation.

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Alors qu’est-ce que le Web3 ? Un terme en tout cas assez populaire pour être mis en avant par les différents départements de communication des grandes entreprises dont le rôle n’a jamais été de se soucier du véritable sens des mots qu’ils utilisent.

Est-il encore cette vision de Gavin Wood d’un Internet décentralisé basé sur les cryptomonnaies et la technologie blockchain ? Rien n’est moins sûr, compte tenu de la forte dilution des principes fondateurs de cette économie numérique devenue poreuse aux banques et autres institutions financières comme le géant BlackRock et son ETF au comptant. La question reste en tout cas ouverte…

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