La Société Générale souhaite expérimenter MakerDAO avec un prêt de 20M$

01 octobre 2021 - 11:33

Temps de lecture : 3 minutes

Par Hugh B.

Les rapprochements entre la finance traditionnelle et le marché des cryptomonnaies ne cessent de se multiplier. Cela tout particulièrement vis-à-vis de la DeFi et de son nouveau paradigme numérique. Une situation qui démontre un basculement évident des acteurs de l’économie actuelle vers ce modèle qui en dessine les contours de demain. Mais toujours avec cette épée de Damoclès installée par les instances de régulation pour en freiner l’adoption avant de pouvoir tenter de la contrôler. Une réalité qui vient de voir la Société Générale faire les yeux doux au protocole MakerDAO avec une enveloppe de 20 millions de dollars.

Qu’on le juge contre nature ou clairement opportun, le rapprochement entre la finance traditionnelle et la DeFi semble s’accélérer actuellement. Une attirance à sens unique qui amène les banques et autres structures financières à juger bon de se frotter à cette version numérique d’elles-mêmes. Et qui place cette DeFi version institutionnelle comme le prochain véritable support de l’explosion de ce nouveau paradigme financier. Cela avec des chiffres qui estiment que sa valeur totale (TVL) actuelle (estimée à 180 milliards de dollars) pourrait dépasser les 1000 milliards de dollars à terme.

Des chiffres qui n’ont rien d’impossible. Et qui poussent encore plus les banques à franchir le pas de cette nouvelle tendance. Cela en grande partie à la demande de leurs clients fortunés, mais pas uniquement. Car le secteur des cryptomonnaies a de toute évidence acquis une popularité toute nouvelle dans ce secteur. En particulier avec ses offres de stablecoins aux rendements à peine croyables pour des vendeurs de livrets A. Un constat que semble avoir fait la Société Générale, du haut de sa 3e place sur le marché bancaire français.

La Société Générale souhaite expérimenter MakerDAO

L’information vient de tomber il y a tout juste quelques heures. La Société Générale souhaite placer la somme de 20 millions de dollars sous forme de collatéral dans le protocole MakerDAO. Une annonce rendue publique par Rune Christensen, fondateur de ce projet emblématique de la DeFi. Et à l’origine du développement du stablecoin DAI qui siège au centre de cet univers.

« La Société Générale, troisième banque de France, vient de faire une demande d’intégration de collatéral à Maker pour 20 millions USD. Adossé à des obligations en EUR, proposées par leur filiale blockchain. » – Rune Christensen

Une procédure qui a donnée lieu à une proposition officielle émanant de la structure SG-Forge, filiale blockchain de la Société Générale. Et qui expose sa volonté de faire l’expérimentation d’une procédure de prêt en stablecoin DAI garanti à l’aide de jetons d’obligations on-chain émis en 2020. Ces derniers présentés comme répondant aux normes AAA dans le domaine. Et sans oublier de préciser qu’ils sont reconnus au même titre que le DAI par le droit français.

Une « expérience dans le cadre juridique français »

Un emprunt dont l’architecture juridique permet de ne pas oublier qu’il s’agit d’une banque traditionnelle. Et qui implique un certain nombre d’entités pour un montant total estimé à 20 millions de dollars. Tout cela présenté comme un « cas d’utilisation pilote ». Avec comme objectif de « contribuer à façonner et à promouvoir cette expérience dans le cadre juridique français ». Ce qui représente sans aucun doute le véritable obstacle à franchir dans le cas présent, tout particulièrement en relation à un stablecoin. Car la France n’est pas connue pour sa capacité à intégrer les nouvelles tendances avec la sympathie requise.

« Cette expérimentation d’opération de refinancement s’inscrit dans la démarche et les solutions innovantes développées par SG-Forge. Elle combine les activités traditionnelles des marchés de capitaux avec l’écosystème émergent et croissant de la finance décentralisée (« DeFi »). » – SG-Forge

Une procédure qui s’annonce complexe dans ce cadre juridique français. Et qui nécessite de respecter certaines contraintes comme la désignation d’un « agent de sécurité » qui devrait être le groupe DIIS. Ou encore des représentants de chaque partie pour savoir sur qui taper en cas de problème. Cela afin de faire respecter les conditions de ce prêt même en dehors des frontières de la législation nationale. C’est-à-dire au sein d’une finance décentralisée (encore) hors de tout contrôle. Mais avec comme principal objectif une volonté de tracer le chemin de ce qui sera l’architecture juridique permettant l’intégration d’autres obligations bancaires du monde réel. Un programme aux promesses encore difficiles à estimer.

« C’est la prochaine étape logique de la mission de MakerDAO d’intégrer les économies crypto et réelles. Nos premières expériences de prêts immobiliers en avril s’apparentaient à Sputnik, et la proposition SocGen-Forge s’apparente à Youri Gagarine. » – PaperImperium, MakerDAO

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