Tether (USDT) – Entre documents falsifiés et sociétés écrans
Le marché des stablecoins est de loin celui qui inquiète le plus les instances de régulation. Car ces cryptomonnaies stables – et privées – sont des concurrentes directes des monnaies fiat actuelles gérées par les banques centrales. Et de toute évidence, la saison de la chasse est ouverte à leur encontre. Avec en premier lieu la mise à l’arrêt forcé du Binance USD (BUSD) de Paxos, en train de disparaître. Mais également le tout aussi populaire que controversé Tether (USDT) une nouvelle fois accusé de gestion douteuse…
04 mars 2023 - 10:30
Temps de lecture : 3 minutes
Par Hugh B.
Étant donné la tendance actuelle du côté des régulateurs, toutes les actualités qui abordent le sujet des stablecoins doivent être prises avec un recul nécessaire. Comme dans le cas du BUSD développé par Paxos pour la plateforme Binance. Car depuis sa mise au placard forcée par la Securities and Exchange Commission des États-Unis, sa capitalisation s’effondre de plus de 40%. Elle vient d’ailleurs de passer sous la barre symbolique des 10 milliards de dollars il y a tout juste quelques jours.
Pourtant, le BUSD connaissait une progression importante. En particulier depuis sa mise en utilisation forcée sur Binance. Avec un modèle de développement et une « transparence » qui n’était ni pire ni meilleur que la concurrence. Mais finalement peu importe, car le Conseil de stabilité financière l’affirme, la plupart des stablecoins ne répondent pas aux exigences requises. Et le prochain de la liste pourrait être l’USDT de Tether.
Tether – Maintenir son accès au système bancaire mondial
Parler de gestion douteuse en relation au stablecoin USDT est presque devenu une banalité. Car depuis des années, la société Tether est sous le feu des projecteurs pour ses comportements tout sauf transparents. Une réalité qui ne l’empêche pourtant pas de conserver une première place, de plus en plus fragile, au sein de cette économie de la stabilité numérique. Cela certainement en partie du fait de son statut de premier véritable acteur stable du marché des cryptomonnaies. Avec une force de frappe évaluée à 71,4 milliards de dollars au moment de la rédaction de cet article. Et une seule véritable certitude : l’effondrement du BUSD est une aubaine pour tenter de reconquérir quelques parts de marché perdues.
Pourtant, les problèmes pourraient bien provenir d’ailleurs. Car un récent article du Wall Street Journal (WSJ) publié hier semble lever le voile sur de nouvelles pratiques douteuses de la société Tether. Des événements datés de 2018, avec comme objectif à l’époque d’essayer de « maintenir leur accès au système bancaire mondial ». Car la perte de cette connexion représentait « une menace existentielle » pour son avenir. Le problème ? Les techniques utilisées par Tether auraient impliquées des documents falsifiés et des sociétés écrans…
« Un cache d’e-mails et de documents examinés par le Journal montre un effort de longue haleine pour rester connecté au système financier. Les entreprises cachaient souvent leur identité derrière d’autres entreprises ou individus. Le recours à des tiers a parfois causé des problèmes, notamment des centaines de millions de dollars d’actifs saisis et certains liens avec une organisation terroriste désignée. »
Wall Street Journal
Tether – Entre documents falsifiés et sociétés écrans
Des documents mettant en cause dans cette affaire « un important négociant de Tether en Chine ». Et dans lesquels Stephen Moore, l’un des propriétaires de Tether Holdings Ltd., explique qu’il était trop risqué de continuer à utiliser les fausses factures et contrats de vente qu’il avait signés pour chaque dépôt et retrait. Car il ne voudrait pas se retrouver à « discuter de ce qui précède dans une affaire potentielle de fraude/blanchiment d’argent ». Raison pour laquelle Moore aurait finalement décidé, mais un peu trop tard, de cesser toute activité avec ce négociant.
Bien évidément la réaction du patron de Tether, Paolo Ardoino, ne s’est pas faite attendre. En particulier car les soupçons mis en lumière par le Wall Street Journal ne s’arrêtent pas là. Car Tether aurait également fait appel à des « tiers problématiques ». Avec comme conséquence : « des centaines de millions de dollars d’actifs saisis et des liens avec une organisation terroriste désignée ».
« Je suis à l’anniversaire du PlanB à Lugano. Il y a tellement d’énergie et de gens ravis de parler de Bitcoin. Pendant que j’étais sur scène, j’ai entendu des klaxons de clown, à peu près sûrs que c’était le WSJ. Comme toujours des tonnes de désinformation et d’inexactitudes. Pauvres gars, ça doit être difficile d’être à leur place, mais on a besoin de meilleurs médias. »
Paolo Ardoino
Des attaques à l’origine de la publication d’un communiqué officiel de Tether quelques heures plus tard. Et dans lequel la société émettrice du stablecoin USDT explique que les allégations du Wall Street Journal sont « totalement inexactes et trompeuses ». Cela pour la simple raison que « Bitfinex et Tether ont des programmes de conformité de classe mondiale et respectent les exigences légales applicables en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, la connaissance de votre client (KYC) et la lutte contre le financement du terrorisme ». Ce qui ne répond absolument pas à la question…
Pendant ce temps, le Wall Street Journal ne manque pas de rappeler que le ministère américain de la Justice enquête actuellement sur la société Tether. Et finalement une question doit être posée. Cette affaire refait-elle surface actuellement du fait d’un simple hasard de calendrier. Ou ne serait-ce pas les prémices d’une nouvelle attaque des régulateurs pour tenter de déstabiliser la société Tether. Et l’inconvénient avec l’USDT c’est qu’il n’y a visiblement pas besoin de creuser trop profond…
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