Le GRAM a du plomb dans l’aile

15 octobre 2019 - 09:51

Temps de lecture : 3 minutes

Le projet de cryptomonnaie de Telegram, messagerie instantanée cryptée, connaît un sérieux revers. Dans un contexte de surveillance accrue de la part des autorités de réglementation américaine,  la SEC (Securities and Exchange Commission) a obtenu une action en référé pour interdire provisoirement la vente ou la distribution des jetons GRAM aux Etats-Unis.

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Les griefs de la SEC 

Selon la plainte déposée le 12 octobre auprès du tribunal fédéral de Manhattan, le désormais fameux gendarme américain considère la vente de jetons GRAM comme illégale.

«Notre action d’urgence vise à empêcher d’inonder les marchés américains de jetons numériques qui auraient été vendus illégalement » a déclaré  Stéphanie Avakian, codirectrice de la division de l’exécution de la SEC.

Accusés de ne pas avoir enregistré leur levée de fonds auprès de son bureau, les représentants de Telegram sont convoqués le 24 octobre pour plaider leur cause. Une semaine tout juste avant la date de lancement de l’offre publique qui était prévue pour se terminer avant le 31 octobre.

Urgence  

Telegram a laissé entendre que le lancement pourrait être reporté. Mais dans une dernière note adressée aux investisseurs, il se dit surpris par la brutalité de la décision. Brutalité d’autant plus incompréhensible qu’il déclare avoir été en discussion avec la SEC depuis plus 18 mois. Le régulateur lui, rétorque que justement Telegram n’aurait pas répondu à toutes les interrogations. La SEC s’appuie notamment sur des informations recueillies auprès des dits investisseurs. Ils témoignent, sous couvert d’anonymat, de versions différentes pour les encourager à s’impliquer.

Les investisseurs encore en attente

Investisseurs en attente

Les investisseurs sonten attente

Privés de leur canal d’information –Ton Board– qui a suspendu ses activités, les 171 gros porteurs, dont Lightspeed Ventures, Sequoia Capital, Benchmark, peuvent toujours s’en remettre à la promesse de Telegram.  La plateforme s’est en effet engagée à les rembourser intégralement (moins les frais) si les délais n’étaient pas respectés.

Attention à la promesse compromise

Mais un article exclusif de l’organe de presse russe The Bell du 14 octobre risque d’assombrir l’espoir en dévoilant la clause de force majeure du contrat. Celle-ci  comprend non seulement les catastrophes naturelles, les menaces terroristes et guerres mais également des mesures juridiques ou réglementaires émanant des autorités. L’indemnisation des investisseurs risque d’être chahutée d’autant que les sommes mises en jeu sont colossales.

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Le tiers qui blesse

Le trésor de guerre s’élèverait effectivement à 1,7 milliards de dollars pour 2,9 milliards de tokens vendus aux prix remisés de 0,37$ et 1.33$ par unité. Mais, pour la SEC, là où le bât blesse c’est que 39 investisseurs américains y ont englouti environ 424,5 millions de dollars, ce qui lui donne juridiction pour saisir la justice. Or, comme le précise Grégory Raymond, elle a le pouvoir de geler les fonds d’une ICO réalisée en dollars. Encore faut-il qu’ils n’aient pas été convertis en une autre devise ou cryptomonnaie…

Calife à la place du calife

Tentées de reprendre la main face à des géants de la Tech qui menacent leur pré carré, les autorités adressent de plus en plus souvent des coups de semonce. Serait-ce  pour prévenir ceux qui auraient la tentation de suivre le même chemin ? Peut-être, à l’instar de Walmart qui a déposé une demande de brevet pour un stablecoin à la Libra. Opportunistes, et on ne sait encore rien de ce que fomentent Google ou Amazon, ces ogres qui demain pourraient offrir des services financiers à des clients encore plus captifs, menacent la souveraineté des Etats. Les uns après les autres, et la France n’est pas la dernière, ils se réveillent de leur torpeur cryptographique depuis l’annonce du jeton de Facebook.

Le culte du secret

Malgré l’uppercut du régulateur qui met, au moins momentanément, GRAM à terre, l’esprit du token est à mille lieues de celui d’un Libra tapageur. La discrétion de ses créateurs confinant au secret n’a d’ailleurs sans doute pas joué en sa faveur dans les relations avec la SEC. On ne découvre par exemple qu’aujourd’hui qu’un investisseur privé, basé à New York, a participé au financement de Telegram en 2013. De même, on apprend que les capital-risques impliqués dans l’ICO étaient fermement encouragés à ne pas s’exprimer publiquement.

Pro GRAM

Quoi qu’il en soit, les communautés cryptos séduites, elles, par une confidentialité préservée, sont très actives sur Telegram. De fait, la cryptosphère dans son ensemble ne s’est pas montrée rétive à l’annonce d’une crypto native. Elle reconnaît même à la blockchain TON des frères Durov, fondateurs de la messagerie, une certaine légitimité pour lutter contre la censure et la main mise institutionnelle. L’épisode VKontakte , le Facebook russe, et son bras de fer avec Poutine jouant en leur faveur.

Amende honorable

Si l’avenir de GRAM est incertain alors même que certains exchanges, dont Coinbase, étaient déjà prêts à l’accueillir, on peut supposer, ou espérer c’est selon, qu’une amende de quelques millions de dollars viendra favorablement résoudre le dilemme. Le précédent d’EOS, récemment jugé pour levée de fonds illégale, fera peut-être école. Condamné à une somme dérisoire – 24 millions de dollars – au regard des milliards récoltés lors de son ICO.

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