Afrique et cryptomonnaies – Un développement mutuel qui a du sens

11 septembre 2020 - 07:30

Temps de lecture : 3 minutes

Par Hugh B.

Il ne suffit pas de réaliser des profits spéculatifs dans l’univers des cryptomonniaes pour en constater l’adoption ou même l’utilité effective. Une réalité difficile à appréhender dans des pays où la monnaie locale ne représente pas un risque à chacune de ses utilisations. Mais une nécessité lorsque cet outil numérique offre des avantages concrets qui permettent de s’émanciper des dysfonctionnements locaux. Un domaine dans lequel l’Afrique fait figure de leader. 

Qu’il s’agisse de leur adoption effective ou de leur vitesse de propagation, les cryptomonnaies ont un rôle important à jouer dans les pays aux infrastructures monétaires défaillantes. Cela permet d’en tester l’utilité en temps réel et de constater les bénéfices qu’elles apportent à une population qui en plébiscite l’accès. 

Des gains qui ne se mesurent pas (uniquement) en termes de rentabilité d’opérations de trading, mais en qualité de vie et en émancipation économique durable

« Cela représente un renversement pour le Bitcoin qui, malgré sa naissance en tant qu’outil de paiement il y a plus de dix ans, a été principalement utilisé pour la spéculation par les traders financiers plutôt que pour le commerce. » – Alexis Akwagyiram, Reuters

Les cryptomonnaies sont-elles utiles ?

L’avenir des cryptomonnaies se dessine dans le domaine de leur utilité réelle. Et toutes les capitalisations boursières possibles ne changeront pas le fait qu’acheter un kilo de légume avec du Bitcoin sera le véritable signe de son succès. En tout cas au regard de son développement historique. Et pour le moment, cette sixième monnaie mondiale manque encore cruellement d’utilisateurs de la sorte.


Bitcoin numéro zéro des cryptomonnaies

Le déterminisme monétaire n’est pas un concept vide de sens lorsqu’il s’adresse à des populations dont la monnaie locale n’a pas ou plus de valeur. Cela quand il n’est pas question d’une volatilité qui fait passer le BTC pour un stablecoin comme dans le cas du Rand (ZAR) sud-africain. Et c’est dans ces cas précis que les cryptomonnaies peuvent réellement faire la différenceUne arme anti-crise à l’efficacité redoutable qui est accessible à tous.

Cette problématique trouve certains éléments de réponse dans une récente étude de la structure d’analyse des marchés cryptos du nom de Chainalysis. Cela concerne l’Afrique et les transferts de petites valeurs.

L’Afrique adopte les cryptomonnaies

Le continent africain souffre de défaillances chroniques en termes d’infrastructures monétaires. Une réalité qui en fait le terrain privilégié du développement des cryptomonnaies. Cela car elles représentent un marché plus sûr, plus rapide et moins coûteux dans le domaine. Il suffit de constater l’augmentation des transferts réalisés vers et depuis l’Afrique durant les douze derniers mois. 

L'utilisation des cryptomonnaies en Afrique

Malgré cette augmentation, l’Afrique reste un marché qui ne pèse pas très lourd. Il est présenté dans ce rapport comme « la plus petite économie de cryptomonnaies de toutes les régions analysées, avec seulement 8 milliards de dollars reçus et 8,1 milliards de dollars envoyés l’année dernière. »

Mais cela n’a pas empêché les transferts d’un montant inférieur à 10 000$ de bondir de +55% sur cette période pour atteindre 316 millions de dollars en juin dernier. En particulier du fait que cette option numérique permet de ne pas avoir à s’acquitter des frais exorbitants qui gangrènent ces opérations et peuvent représenter jusqu’à 15% du montant de la transaction. En particulier lors d’envois entre deux pays africains.

Une réalité qui promet de beaux jours à l’implantation des cryptomonnaies dans ce paysage économique et monétaire chaotique qui n’est favorable à personne. Et une occasion de redonner du sens à ces outils financiers comme un moyen d’émancipation individuel et collectif.  

Les cryptomonnaies vecteur de développement

Ce rapport souligne également l’importance des cryptomonnaies en Afrique dans le domaine des paiements internationaux de type B2B. Une option qui permet aux entrepreneurs locaux de réaliser des règlements dans le cadre de commandes sans avoir à passer par un dollar devenu obsolète et trop couteux.

Une réalité qui touche les commerces de détail de petite taille. C’est par exemple le cas d’Abolaji Odunjo qui tient une boutique de vente de téléphonie mobile dans un marché de rue de Lagos, la plus grande ville et ancienne capitale du Nigéria. Ce dernier s’est mis à payer ses fournisseurs chinois en Bitcoin il y a quelques mois. Ce dernier affirmant qu’il a « aidé à protéger mon entreprise contre la dévaluation de la monnaie et m’a permis de croître en même temps. »

Dans le même temps, les transferts en dollar USD vers l’Afrique subsaharienne connaissent une baisse significative sur l’année 2019. Cette dernière semblant correspondre à la hausse de l’utilisation des cryptomonnaies comme le Bitcoin dans le domaine. Signe qu’un changement durable des mentalités est en cours.

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