Le géant bancaire suisse UBS envisage d’exposer ses riches clients aux cryptomonnaies

11 mai 2021 - 08:09

Temps de lecture : 3 minutes

Les grosses institutions bancaires convoitent de plus en plus le secteur des cryptomonnaies. La dernière en date à manifester un intérêt pour cette classe d’actifs est le géant bancaire suisse UBS qui chercherait à peaufiner une offre adaptée à sa clientèle la plus fortunée.

UBS prudente sur son offre crypto

L’une des plus grandes banques de gestion de fortune au monde, gérant plus de 1100 milliards de dollars d’actifs, s’apprêterait à se lancer dans le bain crypto. Le projet n’en serait encore qu’au stade de la réflexion selon l’article de Bloomberg qui cite des sources proches du dossier. La raison : la méfiance engendrée par un secteur dont les prix très volatils sont difficilement compatibles avec une gestion rationnelle de fortune. Ainsi, dans une note adressée à ses clients quelques mois auparavant, UBS témoignait de son inquiétude face aux cryptomonnaies. Elle se disait « sceptique quant aux cas d’utilisation dans le monde réel »et partant de ce principe, elle jugeait difficile « d’estimer une juste valeur pour Bitcoin et autres cryptomonnaies dont le prix pourrait descendre à zéro si une version mieux conçue était lancée ou si des changement réglementaires venaient à les étouffer».

C’est vraisemblablement pour répondre à une demande croissante de ses clients, qu’elle a décidé de réviser sa position, mais visiblement pas ses connaissances sur le sujet. En effet, dans un communiqué censé rassurer les investisseurs, la banque d’investissement professe des affirmations dépassées même pour des institutionnels, valorisant la blockchain au détriment des cryptomonnaies .

« Nous suivons de près les développements dans le domaine des actifs numériques. Surtout, nous sommes plus intéressés par la technologie qui sous-tend les actifs numériques, à savoir la technologie du grand livre distribué. « 

Elle avance donc de façon très prudente sur ce chemin qui lui semble semé de mines. Aussi, son offre, qui reste encore à définir, ne permettra à ses clients les plus richement dotés de n’allouer qu’une infime partie de leur fortune à l’investissement crypto. Et dans les options à l’étude, leur exposition se fera par le biais de véhicules tiers comme Grayscale ou autres.

Les banques et les cryptomonnaies : une histoire qui s’intensifie

Si jusqu’à récemment le Bitcoin n’était pas en odeur de sainteté dans les temples de la finance traditionnelle que sont les institutions bancaires, des grands noms du secteur ont désormais décidé, d’une manière ou d’une autre, d’y exposer leurs clients Les deux plus vieilles banques américaines en tête. Ainsi, alors que BNY Mellon veut participer à un ETF Bitcoin en tant que fournisseur de services, State Street planifie sa propre plateforme de trading crypto pour les investisseurs traditionnels.

Et elles ne sont pas un cas isolé. Morgan Stanley propose désormais à ses clients fortunés la possibilité d’investir dans le Bitcoin via trois fonds distincts. La banque d’affaires Goldman Sachs réactive son bureau de négociation de produits dérivés liés au BTC tandis que Citigroup envisage également des services en lien avec la crypto. Quant à JPMorgan, elle vient de lancer son propre stablecoin adossé au dollar.

Le vieux continent à la traîne

Sur le vieux continent, les choses sont un peu plus délicates. La banque britannique HSBC par exemple, va jusqu’à interdire à ses clients d’acheter des actions de MicroStrategy dont la trésorerie est largement exposée au Bitcoin. Mais en Allemagne, les banques elles, s’emparent du sujet et pas que du bout des doigts. La Deutsche Bank aurait déjà élaboré un prototype de plateforme pour offrir à sa clientèle fortunée des services de pointe en matière d’actifs numériques. Par ailleurs, la bourse allemande, depuis que le régulateur financier, BaFin, a reconnu les cryptomonnaies comme instruments financiers, accueille également des produits négociés sous la forme d’ETP (Exchange Trader Product) non seulement de Bitcoin mais aussi d’Ether. Enfin, dernièrement, Le Parlement fédéral allemand (le Bundestag) a approuvé une loi permettant aux gestionnaires de fonds institutionnels, appelés Spezialfonds, d’affecter 20% de leurs portefeuilles aux cryptomonnaies.

En Suisse, un certain nombre de banques privées, comme Falcon Private Bank ou Maerki Baumann, sont déjà à la pointe en la matière mais c’est la première fois qu’une institution de l’ampleur d’UBS s’y implique.

Les banques soumises à un contrôle réglementaire strict étaient jusque-là assez réticentes à l’idée d’entrer dans l’espace crypto. Mais l’adoption grandissante de Bitcoin par les investisseurs institutionnels et l’appétit grandissant des particuliers fortunés est en train de changer la donne.

 

 

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