fUSD – Déploiement sous haute tension du stablecoin natif du réseau Fantom
24 mai 2022 - 11:00
Temps de lecture : 4 minutes
Par Hugh B.
C’est une véritable crise de confiance qui secoue actuellement le marché des stablecoins. Cela suite à l’effondrement spectaculaire de la version algorithmique développée au centre de l’écosystème Terra. Une affaire dont l’intégralité des conséquences reste encore difficile à identifier. Et dont l’une des principales sera sans aucun doute une méfiance vis-à-vis de ces outils monétaires plus expérimentaux que stables. Mais également une revisite opportune des mécanismes internes de la version native fUSD du réseau Fantom, encore en phase de lancement. Ce dernier présenté comme sur-garanti et ouvert à d’autres collatéraux que le seul sFTM. Explications…
La « stabilité » dans le secteur des cryptomonnaies est un vaste débat. En premier lieu car elle repose bien souvent sur une corrélation au dollar, alors même que la gestion de ce dernier a tout de discutable. Mais également car ce marché se divise entre des acteurs trop centralisés (USDT, USDC, BUSD) et des versions décentralisées et/ou algorithmiques encore (trop) expérimentales, comme le DAI de MakerDAO, le Fei USD (FEI) au lancement chaotique et le fUSD de Fantom, pour ne citer qu’eux.
Un marché de la stabilité numérique parfois plus proche de la marmite de potion magique que de l’expérimentation véritablement scientifique. Mais dont les tâtonnements actuels restent néanmoins nécessaires, afin de pouvoir construire un outil monétaire décentralisé, stable et non-adossé au dollar. Avec ce droit à l’échec certes désagréable lorsque cela implique de faire partie des dégâts collatéraux. Mais dont l’objectif est de continuer à avancer afin de trouver la solution de cette équation numérique. Ce que tente actuellement de faire le stablecoin fUSD du réseau Fantom.
fUSD – Le stablecoin natif du réseau Fantom
Difficile de poursuivre le développement d’un stablecoin algorithmique à l’heure actuelle. Car la simple évocation de cette formule fait fuir la plupart des investisseurs vers des terres jugées plus sûres. Cela pour le bénéfice immédiat de l’USDC, grand gagnant de cette crise d’identité qui frappe le secteur des cryptomonnaies.
Pourtant, c’est exactement ce que tente de faire le réseau Fantom au sujet de sa version native fUSD. Ce dernier lancé en début d’année, sous la forme d’un test grandeur nature placé au centre de son écosystème. Avec une formule classique reposant sur le staking de cryptomonnaies FTM, afin d’obtenir des sFTM. Seul moyen de garantir la création (mint) de ces stablecoins contre un collatéral défini à hauteur de 300% (150% actuellement pour le DAI).
Mais de toute évidence, la crise du stablecoin UST est passée par là. Avec la perspective de faire du réseau Fantom l’une des terres d’accueil pour les réfugiés numériques de la blockchain Terra. Raison probable de quelques aménagements de dernière minute apportés au fUSD. Cela afin de le rendre plus robuste avec une formule sur-garantie et multi-collatéralisée. Et des rendements de staking fixés à 11,30%. Sachant que le risque de ce genre d’aventure n’est clairement plus à démontrer…
fUSD – Un stablecoin sous haute tension
S’acharner à vouloir lancer un stablecoin décentralisé peut sembler contre-intuitif à l’heure actuelle. Mais l’aventure du fUSD de Fantom a débuté avant le crash de l’écosystème Terra, au tout début de cette année 2022. À une époque pas si lointaine ou ce genre de lancement était une réelle valeur ajoutée, à l’origine d’une excitation palpable dans les rangs des investisseurs. Mais avec l’effondrement du marché, les choses se sont considérablement compliquées. Et, comme la plupart de ses concurrents, le fUSD n’a pas réellement résisté à la crise.
Avec un ancrage au dollar définitivement plus théorique qu’effectif. Et des opérations d’arbitrage dévastatrices du fait de la valeur (identique à l’UST) fixée à 1$ lors de certaines procédures. Une situation dont l’une des principales conséquences a été la vidange presque intégrale des pools USDT, FRAX, DAI et USDC du protocole Scream (SCREAM). Car ce dernier acceptait le fUSD comme garantie pour ses prêts, à une valeur nominale de 1$… alors qu’il plafonnait à 0,60$. Résultat : un projet Scream considéré comme insolvable, en pleine campagne de remboursement de ses investisseurs.
Mais peu importe, car depuis quelques jours des rumeurs font état du retour possible d’Andre Cronje sur le réseau Fantom. Celui-là même dont le départ annoncé avait enclenché une baisse généralisée des projets sur lesquels il travaillait. Est-ce pour venir au secours du stablecoin fUSD ? Et est-ce que cela sera suffisant pour redonner confiance aux investisseurs ? Et au final, est-ce que cela a vraiment une quelconque importance ?
fUSD – Des modifications suffisantes ?
Quoi qu’il en soit, la configuration actuelle du marché des cryptomonnaies est nettement défavorable au déploiement annoncé du stablecoin fUSD. Même si certaines modifications semblent avoir été apportées. Avec une mention très précise de l’attente des « résultats d’un audit » qui n’a rien de forcément rassurante. Il suffit pour cela de voir les attaques dont sont victimes certains protocoles de la DeFi bénéficiant pourtant de cette validation. Et une « touche finale » dont on se demande ce qu’elle pourrait bien apporter.
« fUSD est le stablecoin natif et sur-garanti de Fantom qui, dans le passé, ne pouvait être frappé que contre du FTM jalonné (sFTM). La Fondation propose des changements concernant les nouveaux actifs en garantie, les ratios prêt-valeur, les liquidations et la manière de rembourser l’encours de la dette. L’objectif est de faire de fUSD un stablecoin natif Fantom florissant qui permet aux détenteurs de jetons des projets Fantom (par exemple, BOO, SPIRIT, BEETS, LQDR) d’emprunter de manière efficace et sûre. »
Fondation Fantom
Et cela concerne en premier lieu les cryptomonnaies utilisées comme collatéral lors de la création (mint) de stabelcoins fUSD. Car jusqu’à présent cela ne concernait que la version bloquée sFTM. Mais dorénavant, cette fonctionnalité est également ouverte à une liste bien plus importante : USDC, fUSDT, DAI, sFTMX, wFTM, sFTM, BOO, BEETS, SPIRIT, LQDR. Avec un « facteur de garantie » appliqué en fonction de la volatilité des actifs concernés. Car « les actifs moins volatils auront un facteur de garantie et un plafond plus élevés et les actifs plus volatils auront un facteur de garantie et un plafond inférieurs. »
Enfin, un plafond maximal de 150 millions de FTM mis en staking sous la forme de sFTM a été défini. Mais également l’impossibilité pour les validateurs du réseau Fantom de créer des stablecoins fUSD. Avec, dans le même temps, la mise en place de marchés spécifiques dédiés aux versions bloquées des cryptomonnaies FTM (sFTM et wFTM). Et une seule question sur toutes les lèvres, ces dispositions seront-elles suffisantes pour asseoir une stabilité qui n’est même pas encore (ou déjà) effective ? Une affaire à suivre…
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