Réglementer les cryptomonnaies – Une atteinte programmée à la liberté monétaire

06 janvier 2021 - 10:00

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

Le succès actuel des cryptomonnaies ne cesse de croître au rythme des bénéfices records qu’elles permettent d’obtenir. Mais également du fait de la possibilité qu’elles offrent aux individus de reprendre le contrôle sur leur argent. Une réalité qui attire bon nombre d’investisseurs, mais qui n’est pas du goût des régulateurs. Ces derniers y voient à juste titre une concurrence ouverte et accessible à un marché monétaire jusque là entièrement verrouillé par leurs services. Et c’est une véritable guerre qui est actuellement engagée.

Il ne fait aucun doute que l’apparition du Bitcoin et des cryptomonnaie a modifié à tout jamais le paysage monétaire mondial. Cela sans avoir demandé l’autorisation préalable d’exister et/ou de se développer aux gouvernements et aux structures de contrôle qui y sont liées. Tout simplement car leur raison d’être repose sur cette réalité : indépendance et autonomie. Le tout basé sur un principe de décentralisation qui en assure tout à la fois la force et la protection. 

Mais ce qui n’était à la base qu’une expérience de libertaires utopistes est en train de devenir le nouveau paradigme monétaire mondial. Cela malgré les critiques et avertissements des instances de régulation qui en font selon la nécessité du moment un outil pour les terroristes, les pédophiles, les blanchisseurs d’argent sale ou les contribuables peu scrupuleux. Il suffit ensuite de cocher les mentions inutiles… 


Bruno Le Maire mélange cryptomonnaies et terrorisme – La cryptosphère s’enflamme

Une répression concurrentielle qui ne dit pas son nom et qui trouve de nombreuses expressions différentes selon les pays concernés. Ce qui prend la forme d’une alerte au terrorisme comme tout ce qui n’est pas du goût du gouvernement français. Ou qui ressemble plus à une guerre de réglementation juridique aux États-Unis à l’heure actuelle. Avec en tête de cortège la société Ripple et son XRP devenu illégal et infréquentable.

Contrôler les flux monétaires

Il faut bien comprendre que l’arbre utilisé pour tenter de barrer la route aux cryptomonnaies cache bien souvent une forêt d’autres raisons bien moins médiatiquement correctes. Et qui peuvent se résumer à cette simple idée qui fait que celui qui contrôle l’argent exerce également ce pouvoir sur la population qui en subit le déterminisme géographique. Car on « bénéficie » de la monnaie que notre gouvernement nous impose. Sauf dans le cas de l’utilisation des cryptomonnaies…

Et c’est bien dans ce domaine que le problème se pose. Car non seulement ces monnaies numériques ne connaissent pas de frontières, mais elles ne sont contrôlées par personne. Un fait établi par la Security and Exchange Commission (SEC) américaine elle-même. Et qui permet par exemple au Bitcoin (BTC) et à Ethereum (ETH) d’échapper à ses tentatives de régulation, mais pas au XRP de Ripple jugé beaucoup trop centralisé. Un comble puisque c’est l’inverse qui est généralement reproché au Bitcoin. 


La SEC s’empêtre dans ses tentatives de clarification des « dépositaires qualifiés »

Il faudrait donc que les cryptomonnaies ne soient pas trop centralisées pour éviter d’avoir à rendre des comptes à la SEC. Mais pas trop décentralisées pour ne pas sombrer dans ce chaos de mauvaise science-fiction qui découlerait de tout espace de liberté. Et qui empêche en tout cas – pour le moment – d’y exercer un contrôle et une régulation. Mais qu’à cela ne tienne, il reste les utilisateurs

Surveiller les utilisateurs

Et c’est très exactement ce qui est en train de se passer aux États-Unis actuellement. Cela avec la décision du ministère des Finances d’accroître le contrôle des flux de cryptomonnaies aux portefeuilles auto-hébergés de type Ledger. Ce qui impliquerait de procéder à une vérification d’identité du wallet de réception à chaque transaction sortante. C’est-à-dire une identification de son utilisateur et un enregistrement des mouvements de fonds impliqués.

Une pratique très difficile à mettre en place concrètement. Et contre laquelle la scène crypto américaine est en train de se battre depuis des semaines maintenant. Car il s’agit encore une fois de rajouter des points de contrôle extérieurs au sein d’un système qui fonctionne avec très peu, voir aucun intermédiaire. Et qui ne nécessite rien d’autre que de télécharger un wallet pour les acheter, les échanger, les recevoir et les mettre en sécurité.


Utiliser Uniswap avec MetaMask

Et encore une fois, le spectre de la délinquance numérique est utilisé pour justifier cette décision arbitraire. Cela afin d’éviter que des acteurs malveillants utilisent ce nouveau modèle monétaire pour réaliser des opérations frauduleuses ou condamnables. Ces dernières étant la plupart du temps et jusque là réalisées en dollars. Et les monnaies numériques représentant un risque majeur pour son monopole actuel. Concurrence ?

2% des transactions en BTC sont « illicites »

Une actualité qui a donné lieu à la publication d’un long rapport sur le sujet par la structure Chainalysis. Une sorte de bilan de l’année 2020 au regard de cette volonté de régulation américaine

« Nous analysons d’abord les données derrière l’utilisation de portefeuilles non hébergés dans des cryptomonnaies, en soulignant que la grande majorité de leur utilisation est à des fins d’investissement ou pour des particuliers et des organisations pour transférer de l’argent entre des bourses réglementées. » – Chainalysis

Et le constat est sans appel. Seuls 2% des mouvements liés au Bitcoin (BTC) et en relation à des portefeuilles auto-hébergés entrent dans le cadre de transactions considérées comme potentiellement frauduleuses. La grande majorité provenant ou se dirigeant vers des plateformes de cryptomonnaies ou des acteurs officiels de cet univers. C’est-à-dire la plupart du temps soumis au principe d’identification de type KYC

bitcoin-régulation-wallets

Il semble donc que le Bitcoin et les cryptomonnaies ne soient pas ces outils au service des forces du mal que tentent de nous présenter les gouvernements du monde. En tout cas certainement pas du point de vue de leurs utilisateurs. Ces derniers ayant la possibilité de reprendre le contrôle de leurs fonds. Cela dans le but de devenir leurs propres banques. Ou en tout cas d’avoir véritablement le choix.

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