The Merge – Un risque structurel de centralisation pour Ethereum ?

18 août 2022 - 09:30

Temps de lecture : 4 minutes

Par Hugh B.

L’arrivée de la date fatidique de l’étape The Merge pour le réseau Ethereum alimente de nombreux questionnements et spéculations. En particulier du fait du caractère unique et innovant de cette procédure encore jamais tentée auparavant. Une véritable opération à cœur ouvert que certains comparent au changement d’un moteur d’avion en plein vol. Avec des camps qui s’opposent sur l’adoption d’un fork, dont le principal choix se résume à alimenter ou non les mineurs actuels. Le tout porté par des améliorations parfois plus fantasmées que réelles. Et le risque théorique d’une centralisation qui pourrait rendre cette blockchain beaucoup plus sensible aux attaques des instances de régulation.

Cela ne fait aucun doute, la mutation prochaine de la blockchain Ethereum a tout d’un événement emblématique qui s’inscrira dans l’histoire du secteur des cryptomonnaies. Avec une date fatidique qui tourne autour du 15 septembre, c’est-à-dire dans 1 mois presque jour pour jour. Et un Consensus Layer qui excite déjà les investisseurs depuis quelques semaines, face à une possible – mais encore à démontrer – explosion du cours de l’ETH. Car ce réseau incontournable va franchir le pas du Proof of Stake (PoS), abandonnant ainsi ses mineurs de l’époque bientôt révolue du Proof of Work (PoW).

Une situation qui alimente de nombreuses interrogations à propos de l’avenir de ce réseau, toujours largement numéro 1 de la DeFi, des NFTs ou de la plupart des innovations importantes du secteur des cryptomonnaies. Avec en première ligne, des mineurs bien décidés à continuer d’opérer sur un fork Proof of Work (PoW) qui n’a de sens que pour leur rémunération. Et de l’autre, des validateurs en train de déposer des milliards de dollars pour sécuriser sa nouvelle version, au risque de mettre en danger sa décentralisation effective. Mais qu’est-ce que cela veut dire pour la suite des événements ?

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Hugh B. - 12 Mars 2021 - 18:47

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Vitalik Buterin abordait déjà cette question il y a presque exactement une année, dans une indifférence quasi générale. Il faut dire qu’à cette époque le but était plus de trouver le prochain memecoin sans intérêt qui allait faire un X10 dans la semaine. Pourtant, au milieu de cette cacophonie spéculative, le risque de centralisation du réseau Ethereum 2.0 était déjà d’actualité. Mais de toute évidence, cette question ne semble véritablement intéresser les foules qu’aux portes du lancement de l’étape The Merge, censée valider la mutation de ce réseau vers le Proof of Stake dans quelques semaines.

L’occasion, un peu tardive, de se demander comment la nouvelle blockchain Ethereum va pouvoir résister à la censure toujours plus forte des gouvernements et autres instances de régulation. En particulier suite à l’affaire Tornado Cash qui a vu le Trésor américain attaquer ce mixeur de cryptomonnaies en dépassant le cadre de son autorité de manière pas forcément très légale. Et à la suite de cela, un zèle tout à fait déplacé de la part de la société Circle très empressée à bloquer certaines adresses détenant des stablecoins USDC. Avec de nombreuses inquiétudes en train d’émerger vis-à-vis de ces acteurs centralisés – USDT toujours en tête – en possession d’une force de frappe bien trop importante pour permettre de garantir une autonomie effective et solide.

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Fort heureusement, les stablecoins USDT et USDC ont officiellement apporté leur soutien à la prochaine version Proof of Stake de la blockchain Ethereum. Car dans le cas contraire, comment ce nouveau réseau aurait-il pu exister sans proposer ces cryptomonnaies stables à ses investisseurs. Une véritable épée de Damoclès, visiblement à ranger au placard des risques plus fantasmés que réels. Mais qu’en est-il de la question des validateurs…

Ethereum 2.0 – Des validateurs trop centralisés

En effet, l’identité et la puissance de certains validateurs de la prochaine version du réseau Ethereum est une autre question délicate. Et cette dernière anime actuellement – et à juste titre – de nombreux débats sur les problèmes que cela pourrait rapidement poser. Des hypothèses une nouvelle fois alimentées par la récente affaire Tornado Cash et la défection décidément très problématique de Circle. Car les services du Trésor américain, par le biais de son Office of Foreign Assets Control (OFAC), semblent bien décidés à faire le ménage dans le secteur des cryptomonnaies. Et comment des acteurs centralisés – et donc susceptibles de se plier aux exigences des instances de régulation – pourraient permettre de garantir l’indépendance d’un réseau censé être décentralisé ?

Une question dérangeante posée il y a quelques jours sur Twitter par Lefteris Karapetsas, fondateur de l’application open-source d’analyse crypto et de comptabilité Rotki. Car, selon les données publiques disponibles sur le site Dune Analytics, « il semble que plus de 66% des validateurs de la Beacon Chain adhèrent aux réglementations de l’OFAC« . Raison pour laquelle il a demandé aux 5 principaux validateurs actuels – Lido Finance (33%), Coinbase, Kraken, Staked Us et Bitcoin Suisse AG – de se positionner face à cet état des lieux alarmant. Avec un choix proposé entre deux options : « se conformer et censurer au niveau du protocole », ou « arrêter le service de jalonnement et préserver l’intégrité du réseau ».

Et à la suite de cela, un sondage a été mis en place sur Twitter par Erica Wall. Cela afin de savoir si la communauté Ethereum adhérerait à une éventuelle forme de censure de la part des entités précédemment citées ou si elle préférait brûler leurs ETH placés en staking. Et à l’heure actuelle, cette dernière option remporte plus de 61% des suffrages. Avec dans ses rangs, le fondateur du réseau Ethereum Vitalik Buterin visiblement favorable au burn des cryptomonnaies détenues par des entités souhaitant se conformer aux exigences des régulateurs.

Un bras de fer qui n’a pas fini de poser des questions sur le caractère décentralisé du réseau Ethereum, dans sa version Proof of Stake (PoS). Et un passage qui ne devrait pas non plus permettre de réduire significativement les frais de transaction, comme cela était pourtant attendu par ses utilisateurs. Autant dire que l’excitation autour de cette transition nécessite encore de démontrer ses avantages et améliorations une fois le passage effectué. Une affaire à suivre de très près…

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