Le géant bancaire suisse UBS retourne (un peu) sa veste : pas touche aux cryptos !

06 juillet 2021 - 12:57

Temps de lecture : 3 minutes

Le géant bancaire suisse UBS, qui cherchait il y a peu à peaufiner une offre crypto adaptée à sa clientèle la plus fortunée, se montre aujourd’hui plus alarmiste quant à ce type d’investissement. En cause, la dernière vague de répression en Chine, des offensives réglementaires qui se multiplient et un marché qui abuse des effets de levier.

UBS sonne l’alarme : pas touche aux cryptos !

Alors que la banque suisse avait, en mai, la tentation de proposer à ses clients les plus fortunés une exposition mesurée aux cryptomonnaies, elle semble depuis avoir révisé sa position. En effet, dans une note diffusée la semaine dernière, elle exprime des inquiétudes quant aux récents développements réglementaires qui ont touché le secteur. Elle fait notamment allusion à la dernière vague de répression en Chine qui, selon elle a largement contribué à la phase baissière actuelle du marché des cryptos. Mais elle s’alerte aussi du fait qu’un certain nombre de régulateurs dans le monde ont commencé à renforcer leur surveillance du marché de la cryptographie en multipliant les avertissements aux acteurs de l’écosystème

Les régulateurs ont démontré qu’ils peuvent et vont sévir contre la crypto… Nous suggérons donc aux investisseurs de rester clairs et de construire leur portefeuille autour d’actifs moins risqués.« 

Note d’UBS du 28 juin 2021

Il est vrai que ces dernières semaines les autorités de surveillance n’ont pas chômé. On a même l’impression qu’elles se sont donné le mot pour accentuer la pression sur l’industrie crypto. Binance, la plus grosse plateforme d’échange, peut en témoigner. Une offensive attendue qui n’en est qu’à ses prémices, dans un contexte où la perte de confiance dans les monnaies émises par les Etats et la croissance exponentielle de l’écosystème lié aux cryptomonnaies accentuent l’urgence d’un contrôle resserré de la part des autorités.

Une méfiance vis à vis des cryptos qui n’est pas nouvelle

Pour être tout à fait honnête, UBS, condamnée en France à une amende record pour blanchiment aggravé de fraude fiscale,  a toujours manifesté une grande méfiance vis à vis de ce secteur. En effet, le gestionnaire de fortune, gérant plus de 1100 milliards de dollars d’actifs, redoute depuis déjà longtemps des changements réglementaires susceptibles de l’étouffer.

« Nous avons longtemps averti que l’évolution du sentiment des investisseurs ou les mesures de répression réglementaires pourraient faire éclater des marchés cryptographiques semblables à des bulles. »

Note d’UBS du 28 juin 2021

L’actualité semble lui donner raison et l’hexagone n’est pas en reste, même s’il se contente d’invectives au moment où la Banque de France multiplie avec succès les expérimentations d’une monnaie numérique d’Etat.

Les cryptos : « un pari, pas un investissement! »

La réglementation en voie de se renforcer n’est pas son seul critère d’alerte. Le géant suisse s’est aussi toujours montré rétif face à un marché caractérisé par une volatilité hors-normes, accentuée par des pratiques de trading préjudiciables comme « l’extension de l’effet de levier de 50X ou 100X, (a priori) fondamentalement en contradiction avec la réglementation financière traditionnelle ». Des dérives qui ne sont effectivement pas sans doute étrangères à la chute en cascade du prix des cryptos au mois de mai.

Bien que nous ne puissions pas exclure de futurs gains de prix dans les cryptos, nous considérons cela comme un marché spéculatif qui présente des risques importants pour les investisseurs professionnels.« 

Note d’UBS du 28 juin 2021

C’est donc à l’aune de ces mises en garde, qu’il avait néanmoins avancé du bout des lèvres une offre destinée à ses clients les plus richement dotés, pour leur permettre d’allouer une partie infime de leurs avoirs à l’investissement crypto. Une esquisse à vrai dire, qui se serait vraisemblablement réalisée par le biais de véhicules tiers comme Grayscale Investments. On ignore si l’initiative, censée répondre à une demande croissante des investisseurs fortunés, est toujours d’actualité.

La perspective de gains importants peut tenter les investisseurs, mais nous pensons que la spéculation sur les cryptos est un pari, pas un investissement. Les investisseurs à la recherche d’une exposition aux actifs de paiement numérique peuvent plutôt envisager la fintech, qui devrait bénéficier d’ une croissance structurelle .

Note d’UBS du 28 juin 2021

Des institutions bancaires divisées sur les cryptos

UBS n’est pas la seule institution financière à émettre de sérieuses réserves sur l’investissement dans les cryptos. Les analystes de Goldman Sachs ont déclaré en mai que le bitcoin n’était « pas un investissement approprié » et ont fait part de leurs préoccupations concernant sa volatilité et son manque de liquidités malgré la nouvelle incursion de la firme dans le domaine, notamment avec ses contrats à terme Bitcoin.

Une duplicité qui n’est pas inédite pour ce géant de Wall Street mais qui a priori laisse de marbre d’autres grands acteurs du secteur qui bâtissent des passerelles entre actifs numériques et finance traditionnelle. C’est le cas notamment des plus anciennes banques américaines BNY Mellon et State Street ou, en Europe, de la Deutsche Bank ou de l’espagnole BBVA. Jusqu’à preuve du contraire, leur conviction est moins volatile que le marché crypto.

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